Un an après les manifestations historiques contre la politique du zéro-Covid en Chine qui avaient pris au dépourvu les autorités à Shanghai, seule une présence policière subtilement renforcée à des carrefours clés trahit quelque crainte.
Confinements inopinés et à répétition, tests PCR à grande échelle quasi-quotidiens, les mesures anti-Covid ont bouleversé durant près de trois ans le quotidien des Chinois, jusqu'à la fin 2022.
Un incendie meurtrier à Urumqi (Xinjiang, nord-ouest de la Chine), où les restrictions sanitaires sont accusées d'avoir gêné les secours, avait été le déclencheur il y a un an dans plusieurs villes de manifestations d'ampleur inédites depuis 1989.
Initialement un hommage aux 10 victimes de l'incendie, le rassemblement s'est transformé en appels à abolir la politique du zéro-Covid et, chose rare en Chine, à une démission du président Xi Jinping voire à renverser le Parti communiste au pouvoir.
A l'approche de la date anniversaire, la police l'a mise en garde contre toute nouvelle manifestation.
Slogans anti-régime
Ce rassemblement spontané a ensuite gagné plusieurs villes, dont Canton (centre), Chengdu (sud-ouest) et Pékin, en dépit d'une habituelle imposante présence policière et d'une armada de caméras de surveillance.
Dans le calme, les participants, principalement des 18-35 ans, avaient brandi des feuilles A4 blanches vierges pour matérialiser la censure.
"Violent"
Huang Yicheng, 27 ans, a été brièvement détenu par la police avant de partir se réfugier en Allemagne.
La contestation était comme une forte marée.
Selon Li, la manifestante, les policiers n'ont pas hésité à faire usage de la force à Shanghai lors de la deuxième nuit de manifestation.
Ils ont traîné une fille dans une voiture de police. C'était tellement violent que je n'arrête pas de repenser à cette scène.
Levée des restrictions
Une semaine plus tard, Li était convoquée au commissariat et confrontée à une photo d'elle prise lors de la manifestation.
De son côté, Huang Yicheng affirme avoir été traîné au sol par les forces de l'ordre. Il est parvenu à s'enfuir mais affirme avoir vu ce soir-là de nombreuses femmes se faire battre.
La plupart ont, depuis, été libérées, à l'exception selon lui de Kamile Wayit, une étudiante ouïghoure de 19 ans.
Dix jours après le début des manifestations, la Chine a allégé une grande partie des restrictions anti-Covid, jusque-là inflexibles, une volte face que Li et Huang Yicheng attribuent à leur mobilisation.
La Chine a levé l'essentiel de ses restrictions sanitaires et rouvert progressivement ses frontières en janvier 2023.