Le gouvernement reconnaît que le pays, rongé par un chômage endémique et une grave crise de l'électricité, connaît une pénurie de travailleurs qualifiés. Et si le problème des délais administratifs à rallonge existe dans d'autres pays, l'Afrique du Sud a cruellement besoin de main d'oeuvre et de compétences pour relancer une économie morose, selon les experts.
Certaines en viennent à suspendre ou même abandonner leurs projets dans le pays.
Sans surprise, le phénomène s'est aggravé depuis la pandémie de coronavirus: en 2021, seuls 3.047 visas délivrés sur la base de compétences recherchées, telles que la maîtrise d'une langue étrangère, ont été délivrés, soit une baisse de 45% par rapport à 2019, selon les chiffres officiels.
Environ deux tiers des demandes ont été rejetées. Radio des poumons, casiers judiciaires de tous les pays où l'on a résidé ou encore relevés de compte bancaire sur plusieurs mois, la liste des pièces à fournir est longue comme le bras.
Les entreprises internationales se plaignent aussi de l'incohérence du processus. Certaines demandes sont traitées en quelques semaines, d'autres traînent des mois. Dans certains cas, les demandeurs obtiennent un permis mais pas leur conjoint ni leurs enfants.
Dans une enquête de la chambre de commerce de l'Union européenne en Afrique du Sud l'an dernier, un entrepreneur anonyme affirme que le bourbier des visas l'a poussé à choisir plutôt le Ghana pour installer ses bureaux sur le continent.
Selon un rapport gouvernemental l'an dernier, chaque arrivée d'un nouvel employé qualifié génère des emplois dans le pays. Une augmentation de 1% de cette immigration pourrait accroître le PIB de 1,2%, alors que les prévisions de croissance de la banque centrale du pays ne sont qu'à 0,8% cette année.
Le rapport recommande des réformes comprenant des visas spécifiques pour les travailleurs à distance et les start-ups et un système d'employeur de confiance pour faciliter l'embauche.
Les changements adoptés doivent être bientôt rendus publics. Mais à l'approche des élections de 2024, il pourrait y avoir des hésitations, selon les observateurs: de nombreux Sud-Africains accusent les immigrés, en particulier des pays de la région, d'être responsables du chômage et d'une criminalité en constante hausse.
Selon Jakkie Cilliers, de l'Institute for Security Studies (ISS) à Pretoria, l'approche sécuritaire du gouvernement en matière d'immigration sape les efforts pour attirer les investissements.