ÉDITION:

Émeutes de Southport, reflet de la menace de l'extrême droite au Royaume-Uni

15:201/08/2024, jeudi
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La fumée s'échappe d'un incendie déclenché par des manifestants racistes près de la mosquée de Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 30 juillet 2024.
Crédit Photo : Roland LLOYD PARRY / AFP
La fumée s'échappe d'un incendie déclenché par des manifestants racistes près de la mosquée de Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre, le 30 juillet 2024.

Des émeutes islamophobes en Angleterre ont été attisées par des fausses informations diffusées sur les réseaux sociaux après une attaque au couteau mortelle survenue à Southport. La violence s'est propagée à travers le pays, blessant de nombreux policiers.

Une foule de 300 personnes, dont des membres de l'English Defense League – un groupe d'extrême droite islamophobe – a pris pour cible une mosquée de la ville près de Liverpool mardi soir. Ils ont attaqué des policiers, incendié des voitures et vandalisé des propriétés.


Plus de 50 policiers ont été blessés, présentant notamment des fractures, des coupures et des commotions cérébrales. Cela a suscité une condamnation véhémente de la part de hauts responsables politiques, dont le Premier ministre britannique, Keir Starmer.

Une violence que se propage


La violence s'est depuis propagée à d'autres régions du pays. Des centaines de sympathisants d'extrême droite ont affronté la police dans le centre de Londres mercredi soir, blessant davantage de policiers et engendrant plus de 100 interpellations.


Dans la ville de Hartlepool, dans le nord-est de l'Angleterre, les troubles se sont poursuivis jusqu'aux premières heures de ce jeudi. Un véhicule a été incendié par les émeutiers, qui ont semé le chaos dans et autour de Murray Street, un quartier à majorité musulmane où se trouve une mosquée.

Les émeutes ont été principalement attisées par la désinformation en ligne concernant l'identité de l'agresseur. Celui-ci a tué trois filles mineures et blessé cinq autres enfants et deux adultes lors d'un cours de danse sur le thème de Taylor Swift, lundi.


De fausses informations diffusées par des comptes d'extrême droite sur les réseaux sociaux ont suggéré que le suspect était un musulman et un migrant. Ces prétentions se sont reflétées dans les chants au vitriol islamophobes des émeutiers.

La police a déclaré que le suspect était un jeune homme de 17 ans né à Cardiff, la capitale du Pays de Galles, et qui vivait dans un village près de Southport.


Serena Kennedy, cheffe de la police de Merseyside, a averti d'un risque de nouvelles violences et émeutes dans les jours à venir, citant des renseignements sur de nouvelles manifestations
"potentielles pendant le week-end".

"Nous planifions maintenant pour les prochaines 24 heures, mais aussi pour le week-end et la semaine prochaine"
, a-t-elle déclaré aux journalistes.

Steve Rotheram, maire de la région de Liverpool, a reconnu la grave menace posée par la montée de l'extrémisme de droite au Royaume-Uni et en Europe.


Nous voyons l'extrémisme de droite partout en Europe, et nous ne sommes pas différents.

"Nous devons nous assurer de contrer certaines des fausses nouvelles et des faux récits sur lesquels ces personnes s'appuient pour essayer d'obtenir du soutien"
, a-t-il déclaré en réponse à une question d'Anadolu.

Quant aux émeutiers, il a déclaré qu'ils ne s'agissaient pas de locaux, mais plutôt d'agitateurs extérieurs qui
"sont retournés dans différentes régions du Royaume-Uni"
. Et d'ajouter:
"Nous savons que les publications sur les réseaux sociaux visaient à inciter un certain nombre d'extrémistes blancs d'extrême droite à venir ici et à créer ce genre de scènes dont nous avons tous été témoins".

Les musulmans pris pour cible


À Southport, les habitants se sont rassemblés pour soutenir la communauté musulmane et nettoyer la ville.


Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant la mosquée de Southport avec des brosses et des pelles pour enlever les briques d'un mur abattu par les émeutiers.

Ibrahim Hussein, le chef de la mosquée de Southport, a exprimé sa gratitude à la police et aux autres membres de la communauté en affirmant:


Nous avons été attaqués sans aucune raison. Nous ne savons même pas qui a commis cette action maléfique…

"Nous tenons à remercier chaleureusement la police, car elle a subi de nombreux dommages, et elle n'en avait pas besoin"
.

Hussein pense lui aussi que les émeutiers n'étaient pas de Southport.


"Ils viennent de l'extérieur, s'entraident évidemment, s'envoient des messages et se donnent rendez-vous ici pour détruire ce bâtiment et agresser les gens ici"
, a-t-il déclaré.

"Les musulmans n'ont absolument rien à voir avec ça. Nous étions dévastés par l'attaque du lundi, comme tout le monde… Nous voulions aider, soutenir et prier pour ces personnes qui ont souffert dans cette communauté… Mais au lieu de cela, nous devons faire face à ce préjugé".

Faruq Ahmed, le muezzin de la mosquée de Southport qui lance l'appel à la prière, a fait écho aux opinions de Hussein.


"Notre communauté et nos voisins sont très serviables. Nous sommes musulmans. Notre religion est très pacifique. Nous ne soutenons pas cet odieux individu. Nous sommes très bouleversés par ce qui s'est passé. Je vis à Southport depuis environ 40 ans. Rien de tel ne s'est jamais produit"
, a-t-il rappelé.

Une muraille de haine


D'autres habitants de Southport ont également exprimé le traumatisme et la consternation face au
"racisme et à la violence".

Tony Young, un habitant du quartier a déclaré à Anadolu:


Nous n'avons jamais connu ce genre de racisme et de violence. C'est difficile à comprendre.

Il a toutefois souligné que la communauté avait fait preuve d'une forte unité en
"se rassemblant et en se soutenant les uns les autres".

Gwynneth Dixon, une autre résidente du quartier, a déclaré qu'elle n'avait
"jamais vu un tel niveau de haine"
, ajoutant qu'
"il y avait une immense muraille de haine, absolument écrasante, et puis la violence a suivi"
, a-t-elle déploré.

"J'ai vu des gens revenir de la veillée, et tout d'un coup, il y a eu une foule qui criait des slogans racistes et jetait des objets là-bas, et la situation n'a fait que s'aggraver. C'était horrible et épouvantable, et si effrayant, et si diabolique"
, a-t-elle martelé.

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