Bénin: Trois Nigériens placés sous mandat de dépôt par la justice

18:0914/06/2024, vendredi
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Présentation des installations permettant les échanges de pétrole entre le Niger et le Bénin.
Crédit Photo : Présidence du Bénin / Flickr
Présentation des installations permettant les échanges de pétrole entre le Niger et le Bénin.

Les cinq Nigériens arrêtés le 5 juin 2024 à Sèmè-Kpodji ont été présentés jeudi après-midi au procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet) à Cotonou.

Selon la Criet, après leur audition, le procureur spécial a émis des mandats de dépôt à trois d'entre eux, tandis que les deux autres ont été remis en liberté. Parmi ceux placés en détention figure Aminou Sodangui Hadiza Ibra, directrice générale adjointe de la société chinoise West African Oil Pipeline Company SA (Wapco).


Les trois Nigériens détenus seront jugés le lundi 17 juin pour avoir utilisé de faux badges pour accéder à la plateforme pétrolière de Sèmè-Kpodji le 5 juin dernier.

À la suite de leurs arrestations, le procureur spécial de la Criet a déclaré lors d'une conférence de presse que les suspects s'étaient introduits frauduleusement sur le terminal pétrolier en utilisant une porte dérobée à l'arrière du site, contournant l'entrée officielle nécessitant un enregistrement.


Réagissant à cette affaire, le gouvernement nigérien a qualifié les arrestations d'
"illégales"
et d'acte de
"provocation"
. Le ministre nigérien de la Justice, Alio Daouda, a affirmé que les Nigériens arrêtés à Cotonou étaient présents pour inspecter une cargaison de pétrole brut destinée à être chargée sur la plateforme de Sèmè-Kpodji.

Cette affaire illustre une escalade dans la crise diplomatique entre le Bénin et le Niger depuis le coup d'État de juillet 2023 contre le président Mohamed Bazoum. Les tensions ont conduit le Bénin à fermer sa frontière avec le Niger, conformément à la décision de la CEDEAO, et ont exacerbé les relations déjà tendues entre les deux pays.

Le président béninois, Patrice Talon, a soutenu une ligne dure, menaçant même d'une opération militaire pour réinstaller Bazoum.


Malgré la levée des sanctions par la CEDEAO contre le Niger, ce dernier refuse de rouvrir sa frontière avec le Bénin, accusant Cotonou d'abriter des bases militaires françaises visant à déstabiliser le gouvernement nigérien, accusations que les autorités béninoises ont vigoureusement niées.


En dépit de ces tensions frontalières, les deux pays restent liés par un pipeline de 2000 kilomètres construit par la société chinoise Wapco, dont plus de 600 kilomètres traversent le Bénin, permettant le transport du pétrole brut nigérien jusqu'à la plateforme de Sèmè-Kpodji pour son exportation.


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