Des employés de la société EngelSolar tiennent un panneau solaire à installer à Boadilla del Monte près de Madrid le 21 décembre 2022. La demande de panneaux solaires a atteint des niveaux "sans précédent" en Espagne alors que la crise énergétique en Europe ne montre aucun signe de relâchement dans un accueil coup de pouce pour un secteur à fort potentiel.
JAVIER SORIANO / AFP
Des chantiers à la pelle et une demande "jamais vue": en Espagne, les installations photovoltaïques individuelles sont en plein boom, dopées par la flambée des prix de l'énergie. L'occasion pour le pays de combler son retard dans un secteur à fort potentiel.
"Le soleil, ici, on en a quasiment toute l'année",
rappelle Paloma Utrera, en présentant les panneaux noirs installés sur le toit de son
pavillon de Pozuelo de Alarcón, commune aisée de la banlieue de Madrid.
ajoute-t-elle, tout sourire.
Comme de nombreux Espagnols ces derniers mois, cette salariée du secteur aérien s'est lancée fin septembre dans
, qui
consiste à produire soi-même son électricité, en faisant poser chez
elle 13 panneaux photovoltaïques d'une puissance totale de 4,5
kilowatts.
"C'est un investissement non négligeable"
mais
proposées par l'Etat et
réalisées sur sa consommation
d'électricité,
"cela vaut vraiment le coup",
juge cette femme de 50 ans,
qui précise avoir réduit ses factures de moitié depuis l'automne.
Selon l'entreprise ayant réalisé l'installation, Engel Solar, les panneaux solaires permettent d'assurer
des besoins
d'un foyer.
"Vu les prix actuels de l'électricité"
, c'est "intéressant",
souligne le directeur commercial de cette PME de 200 salariés, Joaquín
Gasca.
Fondée en 2005 à Barcelone, cette entreprise a multiplié par cinq son chiffre d'affaires en deux ans, et s'attend à un nouveau bond
d'activité en 2023.
"Le téléphone n'arrête pas de sonner, c'est la folie"
, confie Joaquín Gasca, en évoquant une dynamique
Particuliers, professionnels, établissements publics... Dopée par la crise énergétique
liée à la guerre en Ukraine, mais aussi par les aides issues du plan de
relance européen, jamais l'autoconsommation n'avait connu un tel
engouement dans le pays.
"Il y a un an, quand on regardait les toits dans les villes et villages espagnols, on voyait très peu de panneaux solaires", mais "aujourd'hui, la situation a complètement changé",
résume Francisco
Valverde, spécialiste des énergies renouvelables au sein du cabinet
Menta Energia.
Un constat partagé par José Donoso, secrétaire général de l'Union photovoltaïque espagnole (Unef). Les Espagnols "
voient que leurs voisins se lancent dans l'autoconsommation, qu'ils sont contents et qu'ils font
des économies. Ça les incite à faire pareil"
, explique-t-il.
Selon cette fédération qui regroupe 780 entreprises du secteur photovoltaïque, la
en autoconsommation en 2022
devrait dépasser les 2.000 megawatts, presque le double de 2021 (1.203
MW) et le quadruple de 2020 (596 MW).
L'énergie solaire est devenue "
, avec un coût
"aujourd'hui inférieur de 90% à celui d'il y a 14 ans"
, avance José
Donoso. Les gens ont donc
"compris qu'il valait mieux mettre leur argent sur leur toit qu'à la banque",
s'amuse-t-il.
Pour la filière, cette frénésie a un goût de revanche.
Pays le plus ensoleillé d'Europe, l'Espagne était il y a 15 ans l'un des leaders mondiaux du photovoltaïque. Mais la crise de 2008 a mis un coup de frein à cet essor
et Madrid a pris du retard par rapport à nombre de pays européens.
En cause: la fin des subventions au secteur, puis l'instauration en 2015 par l'ancien gouvernement conservateur d'une taxe pour les foyers
produisant de l'électricité et reversant une partie de cette énergie
dans le réseau national, qualifiée
par ses
détracteurs.
Ce dispositif - instauré, selon les défenseurs de l’environnement, sous la pression des grands groupes énergétiques, inquiets de la
concurrence de l'autoconsommation - a été abandonné après l'arrivée au
pouvoir de la gauche en 2018, qui a depuis multiplié les coups de pouce
au secteur.
L'autoconsommation
et permet de s'émanciper
"des grands groupes énergétiques"
, a justifié fin octobre le Premier
ministre socialiste Pedro Sanchez, qui table sur 39.000 megawatts de
nouvelles capacités photovoltaïques d'ici 2030, dont 9 à 14.000 en
autoconsommation.
De quoi doper cette source d'énergie qui a fourni l'an dernier 9,9% de l'électricité espagnole, loin derrière l'éolien (23,3%), le nucléaire (20,8%) et les centrales à gaz (17,1%)... malgré un potentiel jugé
exceptionnel.
Aujourd'hui,
"seuls 4 à 5% des foyers (espagnols) sont équipés en photovoltaïque. La marge de progression est donc énorme", souligne Joaquín Gasca, qui dit s'attendre à voir le photovoltaïque devenir "la
première source d'énergie"
dans le pays.
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