Le 12 mars 2024, le Ministre de l'Administration Territoriale (équivalent camerounais du Ministère de l’Intérieur), Paul Atanga Nji, a émis un communiqué officiel interdisant formellement les activités de deux alliances politiques de l'opposition, à savoir l'Alliance Politique pour le Changement (APC) et l'Alliance pour une Transition Politique au Cameroun (ATP). Cette décision semblerait avoir pour but d’entraver toute tentative de déploiement de ces deux mouvements qui ont clairement affiché leur intention de proposer une alternative à la candidature du président Paul Biya en 2025.
La publication de ce communiqué de presse a suscité une vive réaction au sein de l'opinion publique, des observateurs politiques ainsi que de l'un des principaux leaders des deux mouvements, en la personne du Professeur Olivier Bilé, qui dirige l'ATP. Ce dernier se sent particulièrement visé par cette prise de position du Ministère de l'Administration Territoriale (MINAT).
Origine et Objectifs de l'ATP
Fondée il y a deux mois dans le dessein de rassembler les forces et les compétences de l'opposition camerounaise, l'ATP s'est donnée pour mission principale de promouvoir une transition politique pacifique et démocratique au Cameroun. Cette transition vise à réformer et à réorganiser le pays sur les plans institutionnel, politique, électoral, socio-économique et socioculturel.
Elle a cependant en face d’elle l’APC dont le leader est Maurice Kamto du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), soutenu par l’Honorable Nintcheu, un autre éminent cadre du Social Democratic Front (SDF), deux figures majeures, semblant pour l'instant se tenir à distance du projet. Maurice Kamto , candidat malheureux de la dernière élection présidentielle, s’était lui-même mis à dos une partie de l’opposition après avoir boycotté les élections législatives.
L'ATP, une menace pour le pouvoir en place ?
L'ATP : "Nous continuerons à travailler pour le peuple camerounais"
Le leader de l'ATP interviewé par téléphone par un journaliste répond au communiqué qui a provoqué beaucoup d'agitation :
Nous continuerons à travailler pour le peuple camerounais.
Olivier Bilé a souligné que la plateforme ATP est dans son plein droit et que la réaction du Ministre de l’Administration Territoriale est sans importance, car les rassemblements de partis politiques ne sont pas rares au Cameroun, comme en témoigne la coalition autour du parti au pouvoir sous la dénomination de majorité présidentielle ou le G20. Par conséquent, l’ATP ne fera aucun commentaire à ce sujet. En outre, même s'il n'a pas rencontré Ayuk Tabe, le leader sécessionniste "ambazonien" détenu en prison, Olivier Bilé a réaffirmé le droit des prisonniers à recevoir des visites et a précisé que sa plateforme n'avait pas à être mentionnée dans le communiqué si la rencontre avec le sécessionniste en était le prétexte.
Quelles perspectives pour l’opposition camerounaise ?
Malgré ces défis, l'opposition camerounaise peut saisir l'occasion des élections présidentielles de 2025 pour renforcer son unité, sa stratégie et sa mobilisation ; ce qui apparaît pour l’instant peu envisageable. D’ici là, just wait and see.