L'amoxicilline fait partie des antibiotiques de la famille des bêta-lactamines, du groupe des pénicillines. Elle se présente sous deux formes, soit la molécule seule, soit en association avec de l'acide clavulanique, destiné à empêcher la destruction de l'amoxicilline par certaines bactéries. C'est l'antibiotique le plus largement prescrit chez les enfants, contre les angines, les otites, les pneumopathies, etc.
Même son de cloche au Canada, ou encore en Australie où les autorités de santé ont placé récemment cet antibiotique sur la liste des médicaments pour lesquels les pharmaciens sont autorisés à trouver un produit de substitution.
Les raisons sont multiples. La plupart des pays connaissent un rebond des infections hivernales, après deux ans où les gestes barrière et les confinements ont limité les maladies autres que le Covid.
Parallèlement, les usines, qui avaient baissé la production faute de demande, doivent se remettre en ordre de marche, ce qui nécessite un délai. En outre, les producteurs des principes actifs nécessaires à la fabrication sont confrontés à des contraintes en matière de capacités de production et de rareté des matières premières.
Les antibiotiques sont de vieilles molécules: leurs brevets sont tombés dans le domaine public, et ils sont génériques, vendus très peu cher. Ces médicaments sont donc peu attractifs pour les grands laboratoires, qui se sont désengagés. Mais même pour les producteurs de génériques, l'équilibre économique devient difficile à tenir.
Par ailleurs, les principes actifs sont majoritairement produits en Asie, suite au mouvement de mondialisation des trente dernières années. Bilan: une nombre limité de laboratoires proposent encore des antibiotiques, environ une dizaine pour l'amoxicilline.
A court terme, les autorités sanitaires recommandent aux professionnels de santé de remplacer les molécules en pénurie par d'autres lorsque c'est possible, ou encore de limiter la durée des traitements.
De leur côté, les producteurs ont augmenté la cadence, comme le britannique GSK. Sandoz indique aussi avoir mis en œuvre des actions ponctuelles sur son site de production de Kundl en Autriche, notamment l'embauche de personnel supplémentaire, en sus d'investissements additionnels.
Mais plus largement, les spécialistes du secteur estiment qu'un nouveau modèle économique est à trouver, qui permette de combiner bien commun pour les patients et survie pour les laboratoires producteurs de ces vieux médicaments.