M. Ruto est confronté à sa pire crise depuis sa victoire à la présidentielle en août 2022, remportée à l'issue d'un scrutin très disputé.
Les rassemblements, initialement pacifiques, ont pris un tour violent le 25 juin lorsque des manifestants ont pris d'assaut le Parlement. La police avait alors tiré à balles réelles.
Mais devant l'ampleur de la contestation, il a ensuite fait marche arrière, annonçant le retrait du projet de budget, ainsi que le limogeage de la quasi-totalité de son gouvernement.
Cela n'a cependant pas calmé la colère des manifestants, qui ont prévu jeudi une nouvelle journée de mobilisation, échaudés par le tour de passe-passe du président, qui a reconduit à leurs postes plusieurs poids lourds du gouvernement, et fait entrer quatre membres de l'opposition.
Les dépenses somptuaires du gouvernement - notamment dans des rideaux ou des voitures - ont exacerbé les critiques de la population, qui fait face à une hausse du coût de la vie.
Le président, considéré comme l'un des hommes les plus riches du pays même s'il n'y a aucun chiffre public - il a de nombreuses participations dans l'hôtellerie, l'immobilier et les assurances - n'a rien fait pour empêcher la crise, selon des analystes.
Il est également critiqué pour ses nombreux déplacements à l'étranger, plus d'une soixantaine depuis sa prise de fonction, dont un à bord d'un luxueux jet privé pour se rendre aux États-Unis où il a été invité à un dîner d'État à la Maison Blanche.
William Ruto fait ses débuts en politique en 1992. Après avoir terminé des études de botanique, il a dirigé un mouvement de jeunes chargé de mobiliser des soutiens pour le président autocratique de l'époque, Daniel arap Moi.
Il est aujourd'hui pris en étau entre des bailleurs internationaux pour rembourser la dette qui culmine à plus de 78 milliards de dollars, et une population dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté.
William Ruto, qui a été pendant près d'une décennie le vice-président de Uhuru Kenyatta, doit désormais créer des emplois et rétablir la confiance des Kényans les plus modestes.
Le Kenya, pays d'environ 52 millions d'habitants, est la locomotive économique de l'Afrique de l'Est. Mais l'activité du secteur privé a chuté en juillet en raison des manifestations.