La démission mardi du président du Vietnam Nguyen Xuan Phuc est le dernier épisode en date d'un vaste scandale de corruption lié à la politique de lutte contre la pandémie de Covid-19 menée par le pays.
Ce scandale a déjà entraîné le limogeage de plusieurs ministres, ainsi que des dizaines d'arrestations de hauts responsables.
La lutte contre la corruption est une priorité du régime communiste vietnamien depuis des années. Mais en 2022, la répression s'est focalisée sur les auteurs de malversations commises pendant la pandémie.
Voici ce que l'on sait sur cette offensive qui a déjà entraîné la chute de dizaines de hauts fonctionnaires et de dirigeants d'entreprises et qui ne donne aucun signe de répit.
Comment le Vietnam a-t-il géré la pandémie?
Le Vietnam a réagi fermement dès le début de la pandémie en 2020, en instituant un strict confinement et fermant ses frontières, qu'il n'a rouvert qu'en mars 2022.
Alors que le pays était coupé du monde, les autorités vietnamiennes ont organisé quelque 800 vols charter pour rapatrier leurs ressortissants depuis une soixantaine de pays.
Grâce aux confinements et aux campagnes massives de dépistage puis de vaccination, le nombre de contaminations s'est stabilisé puis a décru dans le pays.
Le Vietnam s'est initialement attiré les louanges internationales pour sa gestion jugée efficace de la pandémie. Mais des soupçons de corruption ont vite émergé.
Pourquoi les choses ont-elles mal tourné?
Les Vietnamiens rapatriés à bord des vols charter de leur gouvernement ont dû faire face à des procédures compliquées, tout en payant des tarifs aériens et des frais de quarantaine prohibitifs pour rentrer dans leur pays.
Une enquête officielle s'intéresse aux pots de vin que des hauts responsables sont accusés d'avoir encaissés dans le cadre de ce programme --jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de dollars par vol, selon une estimation du ministère de la Sécurité publique l'an dernier.
Un grand nombre d'autres responsables gouvernementaux sont par ailleurs accusés d'avoir touché des commissions occultes de la part d'un fabricant de tests de dépistage du Covid, Viet A Technologies, pour l'autoriser à vendre ces tests à des prix exagérés aux hôpitaux et centres de lutte contre la pandémie.
Viet A Technologies est accusé de s'être enrichi à hauteur de 172 millions de dollars (160 millions d'euros) grâce à ces surfacturations, et d'avoir reversé 34 millions de dollars de ce magot aux fonctionnaires qui les avaient facilitées. Le tout alors même que les tests, contrairement à ce qu'affirmait le gouvernement, n'étaient aucunement homologués par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Qui est impliqué?
Ces scandales de corruption ont déjà fait chuter de nombreux dignitaires vietnamiens.
Plusieurs responsables politiques de deuxième rang sont d'abord tombés en janvier 2022. Puis, en avril, l'ancien vice-ministre des Affaires étrangères To Anh Dung a été arrêté dans le cadre de l'affaire des rapatriements.
En juin, c'était au tour du ministre de la Santé Nguyen Thanh Long et du maire de la capitale Hanoï Chu Ngoc Anh d'être expulsés du Parti communiste, puis arrêtés pour l'affaire des tests de dépistage surfacturés.
Le directeur général du fabricant Viet A Technologies, Phan Quoc Viet, a été pour sa part inculpé en décembre 2021.
Parmi les personnes arrêtées pour l'affaire des vols de rapatriement figurent aussi le vice-maire de Hanoï Chu Van Dung et plusieurs diplomates de haut rang.
Au total, une centaine de personnes ont été arrêtées pour le scandale des rapatriements et 37 pour celui des tests de dépistage.
En janvier, l'Assemblée nationale du Vietnam a limogé deux vice-Premiers ministres, Pham Binh Minh, qui était aussi ministre des Affaires étrangères, et Vu Duc Dam, principal responsable de la lutte contre le Covid-19 au Vietnam.
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