L'impasse politique se prolonge en Thaïlande après la décision jeudi de la Cour constitutionnelle de reporter l'examen d'une plainte du vainqueur des dernières élections concernant la candidature au poste de Premier ministre.
Pita Limjaroenrat, le chef du parti réformiste Move Forward (MFP) arrivé en tête du scrutin du 14 mai, a été bloqué aux portes du pouvoir le mois dernier à la suite du refus du parlement de revoter sur son nom après avoir rejeté sa candidature une première fois.
La Cour a été saisie par le médiateur du royaume sur la constitutionnalité de ce refus et devait dire jeudi si elle acceptait d'examiner cette plainte, mais elle a reporté sa décision au 16 août, rendant impossible le vote prévu au parlement vendredi sur la candidature d'une nouvelle personalité.
Wan Muhamad Noor Matha, le président de la chambre basse du parlement a déclaré aux journalistes:
Le vote pour le Premier ministre demain (vendredi) est reporté - nous devrons attendre la décision de la Cour constitutionnelle le 16 août.
Après le retrait de M. Pita, la coalition pro-démocratie qui le soutenait a éclaté et le Pheu Thai, principal allié du MFP et arrivé en deuxième position aux élections, tente de constituer une nouvelle majorité autour de son candidat, l'homme d'affaires Srettha Thavisin.
Jeunesse avide de changements
Poids lourd de la politique dirigé en sous-main par la famille Shinawatra qui compte deux anciens Premiers ministres évincés par des coups d'Etat, le Pheu Thai devait présenter jeudi sa nouvelle coalition, mais cette annonce a également été reportée sine die.
Sans les 151 sièges du MFP, le Pheu Thai est en pourparlers avec d'autres partis pour construire une majorité parlementaire, incluant certains membres de la majorité sortante issue du coup d'Etat militaire de 2014.
Move Forward a remporté à la surprise générale le scrutin du 14 mai grâce au soutien massif d'une jeunesse avide de changements profonds dans le royaume, gouverné par l'armée depuis quasiment une décennie.
Mais la candidature de Pita Limjaroenrat au poste de Premier ministre a été balayée par les sénateurs, triés sur le volet par l'ancienne junte, en raison de sa détermination à réformer la très stricte loi sur la diffamation royale.