Tanzanie: la présidente annonce une enquête sur les relocalisations de Massaï

10:472/12/2024, lundi
AFP
La Présidente de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan.
Crédit Photo : Média X /
La Présidente de Tanzanie, Samia Suluhu Hassan.

La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a annoncé dimanche la création de deux commissions d'enquête concernant un programme controversé de relocalisation de plus de 80.000 Massaï vivant dans la région de Ngorongoro, au nord de la Tanzanie.

Le district de Ngorongoro, où se trouve le célèbre cratère classé au patrimoine mondial de l'Unesco, est au centre de tensions depuis plus de deux ans entre les autorités et les communautés massaï qui y résident depuis plus d'un siècle.


Le gouvernement estime que la population croissante des Massaï empiète sur l'habitat de la faune sauvage. Il a ainsi mis en place un programme de relocalisation volontaire, décrit comme des
"expulsions"
par des militants des droits humains et l'opposition tanzanienne.

"L'ensemble du processus de relocalisation fera l'objet d'une enquête, car certains membres de la communauté se sont plaints",
a déclaré Mme Hassan après une réunion avec des chefs coutumiers massaï à Arusha, dans le nord du pays.

"Permettez-moi de créer deux commissions qui apporteront des réponses correctes à vos préoccupations",
a-t-elle ajouté, précisant que ces
"équipes indépendantes"
examineront notamment les questions foncières, les accusations d'empiétement sur les terres communautaires et les plaintes relatives à un accès limité aux services de base.

Le programme de relocalisation, lancé en 2022, prévoit de déplacer environ 82.000 personnes du district de Ngorongoro vers le village de Msomera, situé à 600 kilomètres à l'est.

Les Massaï accusent le gouvernement de vouloir les déplacer pour organiser des safaris et des chasses privées dans cette région touristique.


Les autorités tanzaniennes réfutent ces accusations, affirmant que la relocalisation vise à protéger la faune et la flore sur une zone de près de 1.500 km², face à l'augmentation de la population massaï et de leurs troupeaux.

Dans un rapport publié en juillet, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté le gouvernement à
"mettre un terme à ces réinstallations et à respecter les droits des peuples autochtones".
HRW affirme que les Massaï
"sont expulsés de force sous couvert de relocalisation volontaire".

L'ONG a également dénoncé des abus, notamment des attaques et du harcèlement de la part des rangers présents à Ngorongoro, ainsi que des restrictions dans le financement des infrastructures scolaires et de santé, obligeant les habitants à parcourir de longues distances pour accéder aux services essentiels.

La Tanzanie, connue pour ses parcs naturels comme Ngorongoro et le Serengeti, tire une grande partie de ses revenus du tourisme. En 2023, ce secteur a généré 3,37 milliards de dollars (3,1 milliards d'euros), avec une hausse de 24 % des arrivées internationales, selon des données officielles.


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