Sonko-Diomaye: couple moteur d'une mécanique électorale antisystème au Sénégal

18:1015/03/2024, vendredi
AFP
Les deux figures de l'opposition sénégalaise, leaders du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, ont été libérés le 14 mars 2024, après une détention de plus de 6 mois.
Crédit Photo : média X / Archive
Les deux figures de l'opposition sénégalaise, leaders du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, ont été libérés le 14 mars 2024, après une détention de plus de 6 mois.

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, les opposants libérés jeudi soir, sont les principales pièces d'une machine antisystème assemblée par nécessité pour tenter de gagner la présidentielle et produire le changement espéré par une importante partie des Sénégalais.

Ousmane Sonko, 49 ans, était le candidat incontestable du parti Pastef qu'il a contribué à créer en 2014 avec des jeunes se disant étrangers à la politique. Sa disqualification en janvier par le Conseil constitutionnel, épilogue de trois années de confrontation avec le pouvoir et la justice, a fait sortir de son ombre son second, le beaucoup plus discret Bassirou Diomaye Faye, secrétaire général du Pastef.


Avec le soutien du
"prési"
Sonko, M. Faye, communément appelé "Diomaye", a été désigné candidat sous le mot d'ordre
"Ousmane mooy Diomaye"
(
"Ousmane, c'est Diomaye"
en Wolof). Issu comme M. Sonko de la haute administration publique et de l'inspection des impôts qui fournit un certain nombre de ses dirigeants à l'État, bien moins populaire que M. Sonko cependant, M. Faye est considéré comme l'un des favoris de l'élection du 24 mars. Il aura 44 ans le lendemain du 1er tour.

Ousmane Sonko


Il reste le chef, à en croire les chants des supporteurs descendus dans les rues de Dakar pour célébrer la libération des deux hommes.


Depuis son accession à la notoriété avec sa radiation en 2016 de son poste d'inspecteur des impôts parce qu'il avait dénoncé l'opacité de certains contrats publics et les privilèges de la classe politique, M. Sonko a forgé sa notoriété auprès des jeunes avec un discours souverainiste et panafricaniste, et des diatribes contre les élites, les multinationales et l'emprise exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française.


Son âge, son agilité sur les réseaux sociaux, sa défense des valeurs traditionnelles et religieuses mais aussi les difficultés économiques des dernières années en ont drainé beaucoup dans son sillage.

Troisième de la présidentielle en 2019, il était candidat de longue date à celle de 2024. Mais il est devenu en 2021 le personnage principal, adulé ou honni, d'une chronique politico-judiciaire qui a durablement agité le Sénégal, donnant lieu à des dizaines de morts et des centaines d'arrestations.


Condamné en 2023 à de la prison avec sursis pour diffamation contre un ministre, et à deux ans de prison ferme pour
"corruption de mineure"
, M. Sonko a finalement été interpellé fin juillet 2023, et inculpé pour appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l'État. Il était emprisonné depuis.

Lui a toujours crié au complot de l'État pour liquider sa candidature.


Bassirou Diomaye Faye


"Diomaye" a fait la connaissance de M. Sonko aux Impôts et Domaines. Il l'a suivi au Syndicat autonome des agents des Impôts et Domaines créé par M. Sonko. Il a ensuite rejoint le Pastef, dont il a d'abord été l'invité avant d'en devenir un incontournable et le secrétaire général, selon le parti, qui le décrit comme
"un esprit brillant", "froid dans l'analyse".

M. Faye a lui-même été interpellé en avril 2023, et inculpé d'outrage à magistrat, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique, selon un de ses avocats, après la diffusion d'un message critique sur Facebook, contre la justice dans les affaires Sonko.

Pressentant la disqualification de M. Sonko à la présidentielle, leur camp a fait de lui son champion. Le Conseil constitutionnel a validé sa candidature en janvier.


À la différence de M. Sonko, M. Faye n'a pas fait l'objet d'une condamnation qui puisse être considérée comme définitive et qui le priverait de son éligibilité.


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