L'apparent triomphe de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle au Sénégal sanctionne aussi le bilan du sortant Macky Sall et les querelles de succession d'un camp puissant et déclinant dans lequel les langues commencent à se délier.
Abattement, fierté, rancœur... La défaite libérait un mélange d'émotions parmi quelques dizaines de sympathisants réunis lundi à Dakar au siège du parti présidentiel APR (Alliance pour la République) pour entendre le candidat du pouvoir, Amadou Ba, féliciter le vainqueur dans une ambiance de fin de règne.
L'ancien président du groupe parlementaire BBY, en rupture avec l'APR insiste:
Macky Sall a torpillé la carrière de milliers de militants qui l'ont accompagné toutes ces années.
L'envers de l'analyse, c'est le rejet du bilan de 12 années de présidence Sall, en particulier les trois dernières, marquées par les troubles politiques, les retombées de la crise mondiale et le ralentissement de la croissance.
"Le chef et les autres"
Les 'choses (étaient) pliées' depuis la mise en cause judiciaire de l'opposant antisystème Ousmane Sonko, qui a mis le feu aux poudres en 2021.
Des caciques, craignant un fiasco, ont publiquement demandé un changement de candidat. Trois dissidents se sont maintenus contre M. Ba, peu charismatique, peu politique.
M. Ba a connu en janvier l'avanie d'une alliance entre des députés de son camp et de l'opposition pour créer une commission d'enquête sur des accusations de corruption contre lui. Le président Sall a invoqué ces accusations pour justifier un retentissant report de la présidentielle.
Mais ses efforts ont subi de plein fouet l'amnistie initiée par le président au nom de la décrispation. La sortie de prison de M. Sonko et du futur président, M. Faye, a causé un effet de souffle, s'accordent à souligner les analystes.