Kenya: lancement d'une procédure de destitution contre le vice-président

11:532/10/2024, mercredi
AFP
Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, prononce un discours lors de la cérémonie de commémoration des 21 victimes de l'incendie de l'école Hillside Endarasha Academy à Mweiga, le 26 septembre 2024.
Crédit Photo : LUIS TATO / AFP
Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, prononce un discours lors de la cérémonie de commémoration des 21 victimes de l'incendie de l'école Hillside Endarasha Academy à Mweiga, le 26 septembre 2024.

L'Assemblée nationale kényane a lancé, mardi, une procédure de destitution contre le vice-président Rigathi Gachagua, accusé d'enrichissement personnel, de détournement de fonds publics et d'insubordination. Cette démarche sans précédent intervient après des mois de conflit entre le président William Ruto et son adjoint.

Rigathi Gachagua dénonce cette procédure comme une
"manœuvre politique",
affirmant qu'elle est orchestrée avec l'accord tacite du président Ruto, qui pour l'instant ne s'est pas exprimé publiquement sur le sujet.

Le président de l'Assemblée nationale a ouvert les débats parlementaires mardi, validant la motion déposée par le député Mutuse Eckomas Mwengi, membre de la coalition présidentielle Kenya Kwanza. La motion, remplissant les critères requis, a obtenu 291 signatures, bien au-delà des 117 nécessaires.

Parmi les onze motifs de destitution figurent des violations présumées de la Constitution, telles que
"l'atteinte à l'unité nationale", "l'insubordination"
envers le président et des accusations de
"crimes économiques",
notamment des détournements de fonds publics, des conflits d'intérêts et des abus de pouvoir.

Le texte de la motion allègue que Rigathi Gachagua a
"accumulé de manière inexplicable un portefeuille immobilier colossal, estimé à 5,2 milliards de shillings (environ 36 millions d'euros)",
provenant de pratiques présumées de corruption et de blanchiment d'argent.

Il ajoute que
"la valeur des biens et richesses que Rigathi Gachagua a acquis ces deux dernières années est incompatible avec ses revenus légitimes connus, qui s'élèvent à environ 12 millions de shillings par an (environ 83 000 euros)".

Pour être adoptée lors du vote prévu le 8 octobre, la motion devra obtenir l'approbation des deux tiers des députés, soit 233 voix. Si elle est adoptée, la destitution sera ensuite soumise au Sénat, où 45 voix seront requises.

En cas de succès, Rigathi Gachagua deviendrait le premier vice-président du Kenya à être destitué en vertu de la Constitution de 2010.


Le précédent remonte à 1989, lorsque le vice-président Josephat Karanja avait démissionné après avoir été accusé d'affaiblir l'autorité du président Daniel arap Moi.


Cette procédure fait suite à des mois de tensions entre Gachagua et le président Ruto.


Bien que Gachagua ait joué un rôle clé dans la victoire de Ruto lors de la présidentielle de 2022, leurs relations se sont dégradées, notamment après un mouvement de contestation antigouvernementale en juin et juillet, qui avait fait plus de 60 morts.

Gachagua est accusé de ne pas avoir suffisamment soutenu Ruto face à ces manifestations.


Depuis lors, le vice-président estime avoir été marginalisé, tandis que le président Ruto a entamé un rapprochement avec le Mouvement démocratique orange (ODM) de Raila Odinga, un ancien adversaire politique.


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