Au Tchad, pays parmi les plus pauvres au monde où une personne sur trois a entre 10 et 24 ans selon l'ONU, des jeunes s'apprêtent pour la première fois à élire lundi un président, partagés entre espoir, inquiétude et désillusion. Le pays est dirigé d'une main de fer depuis 33 ans par une même famille, les Déby.
Idriss Amidou a enfilé sa casquette et son t-shirt "Marchons avec Mahamat" pour sillonner N'Djamena, la capitale, en soutien à la candidature du général Mahamat Idriss Déby Itno, le président de transition.
Peu convaincu par la politique par le passé, l'étudiant en lettres modernes de 26 ans, qui rêve de meilleures conditions à l'université, s'est finalement résolu à voter pour la première fois et cherche à convaincre ses compatriotes de glisser le bulletin Déby dans les urnes.
A 18 ans, l'âge d'accéder au vote, il est fier d'avoir aidé à tapisser la ville des affiches de campagne de MIDI, acronyme du chef de la junte, omniprésentes dans le centre de la capitale.
"Changer le pays"
Dans les artères ensablées de l'université de N'Djamena, Éric Bendiguim, étudiant en droit de 25 ans, lui, est déterminé à pousser dehors l'ancien régime.
Il votera pour la première fois lundi et s'est lancé tambour battant dans le mouvement des Transformateurs, le parti du candidat Succès Masra, également âgé de 40 ans, qu'il a accompagné de villes en villes pour des meetings drainants des foules considérables.
Nnguemadje Makobaye, 20 ans, qui étudie pour être professeur de français, s'enthousiasme:
On a donné notre confiance aux opposants dans le passé, à la dernière minute, ils nous ont trahis. Cette fois, j'ai espoir en Succès Masra.
"Pas confiance"
Nos parents ont vécu des choses horribles dans ce pays, chaque élection on crie au changement, c'est les mêmes discours, les mêmes mensonges.
Dégoûté, il a récemment exprimé, dans un morceau intitulé "L'Pays va mal", sa frustration envers la politique et sa peur pour l'avenir.