Vietnam: un avocat condamné à trois ans de prison pour des posts critiques

11:0410/01/2025, Cuma
AFP
L'avocat vietnamien Tran Dinh Trien.
Crédit Photo : X /
L'avocat vietnamien Tran Dinh Trien.

Un tribunal de Hanoï a condamné, vendredi, l'avocat Tran Dinh Trien à trois ans de prison pour avoir publié sur Facebook des commentaires critiquant la justice vietnamienne, ont rapporté les médias d'État.

Cette affaire illustre le recul croissant de la liberté d'expression au Vietnam, dénoncé par les groupes de défense des droits humains.


Les juges ont affirmé que Tran Dinh Trien avait partagé en ligne du
"contenu non authentifié"
qui
"portait atteinte à la réputation des tribunaux et du président de la Cour suprême".

"Le jury a estimé que les actes de Tran Dinh Trien étaient très graves et qu'ils avaient compromis la sécurité, l'ordre et la sûreté sociale"
, a précisé l'agence de presse officielle VNA.

Selon les autorités, les individus ou organisations ne doivent pas "
profiter"
de la liberté d'expression garantie par la Constitution pour nuire aux intérêts de l'État.

Tran Dinh Trien, 65 ans, avait fondé le cabinet
"Vi Dan"
(
"Pour le peuple"
) et s'était illustré en défendant des militants dans des affaires sensibles, notamment concernant la confiscation des terres. Chef adjoint du barreau de Hanoï entre 2013 et 2018, il avait publié en avril et mai trois messages critiquant le président de la Cour suprême, accusé de restreindre l'accès des familles des prévenus et des journalistes aux salles d'audience.

Arrêté en juin, il a été poursuivi en vertu de l'article 331 du code pénal, une disposition controversée qui punit jusqu'à sept ans de prison ceux qui
"abusent des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'État".

Cybersécurité et répression accrue


Cette condamnation s'inscrit dans un contexte de durcissement de la répression au Vietnam. En 2024, au moins 24 personnes ont été condamnées sur la base de l'article 331, selon Human Rights Watch (HRW).

Le gouvernement vietnamien est accusé de multiplier les
"représailles"
contre les critiques, entraînant une vague d'exil. En 2023 et 2024, au moins quatre avocats ont demandé l'asile aux États-Unis, craignant des arrestations similaires.

Tran Dinh Trien, selon Project88, un groupe militant pour la liberté d'expression, pourrait devenir un
"précédent dangereux"
, dissuadant la population d'exprimer toute critique.

L'étau s'est encore resserré avec l'entrée en vigueur du
"décret 147"
sur la cybersécurité fin décembre. Ce texte impose aux plateformes numériques de collecter des données personnelles telles que les numéros d'identification nationale et de portable, de les stocker et de les fournir aux autorités sur demande. Elles doivent également supprimer tout contenu jugé
"illégal"
par le gouvernement dans un délai de 24 heures.

Le Vietnam est régulièrement classé parmi les pays réprimant le plus durement les journalistes, selon Reporters sans frontières.


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