Gaza: le nombre de morts sous-estimé de 40%

La rédaction
10:4110/01/2025, vendredi
AFP
Une étude du Lancet révèle que le bilan des morts à Gaza pourrait être supérieur de 40%.
Crédit Photo : Omar AL-QATTAA / AFP/ Archive
Une étude du Lancet révèle que le bilan des morts à Gaza pourrait être supérieur de 40%.

Une étude publiée vendredi dans la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet estime que le nombre de morts à Gaza, au cours des neuf premiers mois de la guerre entre Israël et le Hamas, serait supérieur d'environ 40% au chiffre communiqué par le ministère de la Santé du territoire palestinien.

Le bilan des victimes à Gaza suscite des débats intenses depuis qu'Israël a lancé une campagne militaire contre le Hamas en réponse à l'attaque du 7 octobre 2023.


Jusqu'au 30 juin de l'année dernière, le ministère de la Santé de Gaza, avait recensé 37.877 morts. Cependant, l'étude du Lancet estime qu'entre 55.298 et 78.525 décès ont été causés par des lésions traumatiques pendant cette période.


L'estimation médiane du Lancet porte à 64.260 morts, un chiffre supérieur de 41% à celui du ministère de la Santé. Ce total représente 2,9% de la population de Gaza avant la guerre, soit environ un habitant sur 35, selon l'étude.

Ce bilan ne prend en compte que les morts causées par des blessures traumatiques, excluant ainsi les décès indirects liés au manque de soins ou de nourriture, ainsi que les milliers de disparus supposés ensevelis sous les décombres.


Jeudi, le ministère de la Santé de Gaza a rapporté que 46.006 personnes avaient été tuées en quinze mois de conflit, principalement lors des bombardements israéliens.


Méthode de "capture-recapture"


Les chercheurs du Lancet ont utilisé une méthode statistique éprouvée, appelée "capture-recapture", pour estimer le nombre total de morts. Cette technique s’appuie sur trois sources:


-Les données des hôpitaux et morgues fournies par le ministère de la Santé;

-Une enquête en ligne où les Palestiniens signalent les décès de leurs proches;

-Des annonces de décès publiées sur les réseaux sociaux, telles que X, Instagram, Facebook et WhatsApp, vérifiées pour leur authenticité.


"Nous avons inclus uniquement les décès confirmés par les proches ou les institutions médicales"
, a expliqué Zeina Jamaluddine, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine et principale autrice de l’étude.

Les chercheurs ont identifié les doublons entre ces listes pour établir une estimation totale fiable.


Réactions et limites


Patrick Ball, statisticien du Human Rights Data Analysis Group, a salué l'étude, affirmant que cette méthode avait fait ses preuves dans des contextes comme le Guatemala et le Kosovo.


Kevin McConway, professeur à l'Open University, a toutefois noté que des incertitudes demeurent, bien qu’il ait qualifié les analyses des chercheurs d’
"admirables".

Les auteurs de l'étude ont admis que certains décès, liés à des causes non traumatiques, pourraient avoir été inclus par erreur, ce qui aurait conduit à une surestimation. Cependant, d’autres facteurs, comme les personnes disparues, suggèrent que le bilan pourrait encore être sous-estimé.

L'agence humanitaire des Nations unies (OCHA) a indiqué que 10.000 habitants de Gaza pourraient être ensevelis sous les décombres. Zeina Jamaluddine s’attend à des critiques, mais insiste:


Nous savons déjà que le bilan est très élevé.

À lire également:




#Gaza
#Satistiques de guerre
#The Lancet
#Nombre de morts
#Guerre Israël-Hamas
#Étude médicale
#Capture-recapture
#Conflit-Israélo-Palestinien