L'opposant anti-système Bassirou Diomaye Faye, encore en prison il y a une dizaine de jours, semble avoir pris l'avantage à la présidentielle au Sénégal, même si le camp du pouvoir évoque la probabilité d'un second tour.
Après trois années d'agitation et de crise, les Sénégalais attendent toujours lundi de connaître l'issue d'une élection qui tranchera entre continuité et changement peut-être radical.
Des résultats officiels de la présidentielle qui s'est tenue dimanche ne devraient pas être connus avant le courant de la semaine. La commission électorale nationale a jusqu'à vendredi pour publier des résultats provisoires, avant leur validation par le Conseil constitutionnel.
Il faut la majorité absolue des suffrages exprimés pour l'emporter au premier tour. À défaut, les deux premiers disputent un second tour.
Au moins sept des 17 candidats ont félicité M. Faye au vu des résultats provisoires publiés par les médias. La certitude de la victoire a déclenché des scènes de liesse parmi ses sympathisants dans la capitale.
"Rupture"
Une victoire de M. Faye s'apparenterait à un séisme politique, pas seulement parce qu'à 44 ans depuis ce lundi il deviendrait le plus jeune président du Sénégal.
Le scrutin est suivi avec attention, le Sénégal étant considéré comme l'un des pays les plus stables d'une Afrique de l'Ouest secouée par les putschs. Dakar maintient des relations fortes avec l'Occident, tandis que la Russie renforce ses positions alentour.
Le Sénégal a plongé dans l'une de ses plus graves crises depuis des décennies quand le président Sall a décrété le 3 février un report de la présidentielle prévue trois semaines plus tard.
Les troubles ont fait des dizaines de morts en trois ans et donné lieu à des centaines d'arrestations.
Il lui faut assumer cependant tous les aspects de l'héritage du président Sall: les grands travaux qui ont transformé le visage du Sénégal, mais aussi une pauvreté persistante, un chômage élevé, et les centaines d'arrestations de la période récente.