Pakistan: dernier jour d'une terne campagne électorale

13:316/02/2024, Salı
AFP
Les partisans de Gohar Ali Khan assistent à un rassemblement de campagne électorale à Buner le 5 février 2024, avant les élections nationales.
Crédit Photo : Aziz Buneri / AFP
Les partisans de Gohar Ali Khan assistent à un rassemblement de campagne électorale à Buner le 5 février 2024, avant les élections nationales.

Au Pakistan, les candidats ont officiellement jusqu'à minuit mardi pour tenter de convaincre encore quelques indécis au terme d'une campagne électorale morne, qui illustre le découragement populaire avant un scrutin jugé inéquitable.

La république islamique de 240 millions d'habitants votera jeudi pour les élections législatives et provinciales, mais la crédibilité du scrutin est mise en doute par des observateurs indépendants.


Le populaire ancien Premier ministre Imran Khan est incarcéré et les candidats de son parti, soumis depuis plusieurs mois à une sévère répression, n'ont pas été autorisés à se présenter sous ses couleurs, mais seulement en indépendants.

La porte semble ainsi ouverte à la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de Nawaz Sharif, qui pourrait à 74 ans redevenir Premier ministre pour la quatrième fois.

Empêché de faire campagne, le parti d'Imran Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), espère néanmoins mobiliser ses supporteurs, notamment parmi la jeunesse désenchantée, pour qui l'ancienne star du cricket pourrait constituer un espoir de changement. Mais le peu d'enthousiasme pour la campagne électorale suggère que la participation pourrait être faible lors du scrutin, pour lequel 128 millions de personnes sont appelées aux urnes.


L'institut de sondage Gallup a pointé mardi une atmosphère politique
"aussi morose que la situation économique"
pour ce premier scrutin législatif depuis 2018. Selon cet institut,
"sept Pakistanais sur 10 n'ont pas confiance dans l'intégrité des élections", "une importante régression par rapport à ces dernières années"
.

La Commission électorale a rappelé mardi aux candidats qu'ils seraient sanctionnés s'ils continuaient leur campagne après minuit.

L'ombre d'Imran Khan, 71 ans, plane au-dessus des élections, auxquelles il ne peut se présenter. Il a été condamné la semaine dernière à trois longues peines de prison pour corruption, trahison et mariage illégal.


Il est aussi jugé dans un nouveau procès, ouvert mardi devant un tribunal antiterroriste à l'intérieur de sa prison, concernant des émeutes provoquées par ses partisans en mai dernier. Ces élections se tiennent dans un contexte de grave crise économique et sécuritaire.


L'institut pakistanais PICSS a fait état d'une augmentation
"stupéfiante"
des attaques menées par des militants islamistes l'an passé, au plus haut depuis une opération militaire lancée en 2014 qui avait entraîné une amélioration de la sécurité.

Lundi, au moins 10 policiers ont été tués dans des assauts de dizaines d'assaillants contre leur poste de police dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, près de la frontière avec l'Afghanistan.

Près de la moitié des 90.000 bureaux de vote du pays ont été jugés
"à risques ou à forts risques"
et des forces de sécurité supplémentaires y seront déployées, ont annoncé mardi les autorités. L'inflation avoisine les 30%, la roupie est en chute libre depuis presque trois ans et le gel des importations faute de devises a des conséquences désastreuses pour l'industrie.

La cité-Etat de 5,7 millions d'habitants applique des lois sévères, même en cas de délits mineurs, comme le vandalisme par exemple, pouvant être puni de coups de bâton. Le taux d'homicides y est l'un des plus bas au monde avec 0,2 pour 100.000 habitants, d'après les données de l'ONU.


Le maintien en détention d'un détenu qui a purgé sa peine pourra être décidé par un tribunal. Les condamnés à hauts risques ne seront remis en liberté à l'issue de leur peine qu'avec l'accord du ministère de l'Intérieur, si celui-ci considère qu'ils ne représentent plus une menace pour la société.

Le ministère s'appuiera sur une commission de révision, constituée d'experts, comme d'anciens juges ou des psychiatres.


Le ministre de la Justice et de l'Intérieur avait expliqué il y a quelques mois la nécessité de cette réforme, jugeant que la loi en l'état
"ne permettait pas de faire face aux crimes les plus graves".

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