Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko (G) et son homologue malien Choguel Kokela Maiga se sont rencontrés à Niamey, le 13 août 2024.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a déclaré lundi depuis Bamako que "personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali". Ousmane Sonko s'exprimait à l'issue d'un entretien avec le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, et le chef du gouvernement, Dr. Choguel Kokalla Maïga.
"Permettez-moi de m'incliner devant la mémoire de tous nos frères maliens qui sont tombés sur le champ d'honneur il y a quelques jours. Je présente, au nom du président Bassirou Diomaye Faye, en mon nom, au nom du gouvernement et au nom de tout le peuple sénégalais, nos condoléances les plus sincères et les plus attristées. Le Mali et le Sénégal, c'est un seul et même peuple",
a déclaré le chef du gouvernement sénégalais.
"Nous avons été en tant qu'opposants les premiers à dénoncer fermement l'embargo qui a été imposé au Mali par des pays frères, malheureusement parmi lesquels notre propre pays. Je l'avais dénoncé au nom de mon parti et je continue à le faire. Sous notre régime, ce genre de pratiques ne pourront jamais prospérer, et personne ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou aucun autre pays frère, ni lui imposer des sanctions de cette nature"
, a-t-il poursuivi.
Il a en outre réaffirmé la volonté de maintenir des liens forts entre le Sénégal et le Mali,
"en accord avec les réalités géographiques, historiques, économiques et sociales qui nous imposent d'être deux nations très unies et de continuer à coopérer à tous les niveaux".
Concernant le Niger, Ousmane Sonko a déclaré:
Quand il a été question d'une intervention au Niger, ma position a été très claire de ma cellule de prison. J'avais fait une publication pour dénoncer cela. Cela n'a pas changé aujourd'hui.
Et de conclure:
"Nous sommes tous des pays souverains, nous devons nous respecter dans nos choix souverains, et nous respectons le Mali dans ses choix, nous respectons le Burkina dans ses choix. Nous respectons tout le monde. Des choix que nous comprenons, alors qu'est-ce qu'on nous reproche d'avoir et d'être en train de travailler pour continuer à réunir la famille ? Depuis quand peut-on reprocher à un panafricaniste de tout faire pour qu'on reste dans des cadres solides plutôt que de nous diviser ? Nous continuerons à travailler. Je l'ai dit, quel que soit l'aboutissement ou le choix qui a été fait, cela ne changera absolument rien dans nos relations avec chacun des pays".
Cette visite à Bamako et ces déclarations de Sonko surviennent une dizaine de jours après que le gouvernement du Mali a annoncé la rupture, avec effet immédiat, de ses relations diplomatiques avec l'Ukraine.
Le gouvernement malien a justifié sa décision par
"l'implication reconnue et assumée de l'Ukraine dans l'agression caractérisée du Mali",
lors des combats survenus les 25, 26 et 27 juillet dernier à Tinzaouatène, dans la région de Kidal, près de la frontière algérienne, entre les Forces armées maliennes (FAMa) et les rebelles du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA), ainsi que des groupes faisant allégeance à al-Qaïda.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a réagi le lendemain à cette annonce, dénonçant une décision
"à courte vue et précipitée"
. Cette implication ukrainienne a été constatée, selon Dakar et Bamako, via une vidéo partagée par l'ambassadeur d'Ukraine à Dakar (Sénégal) sur la page Facebook de l'ambassade.
Dans cette vidéo, le porte-parole du renseignement ukrainien, Andriy Yusov, se vanterait d'avoir fourni des informations aux rebelles touaregs du CSP avant leurs affrontements avec les Forces armées maliennes. Selon Dakar, l'ambassadeur Yurii Pyvovarov aurait exprimé, dans la même vidéo, son soutien à l'action rebelle.
Suite à la publication de cette vidéo, l'ambassadeur ukrainien a été convoqué par le ministère sénégalais des Affaires étrangères, qui lui a rappelé ses obligations de discrétion, de retenue et de non-ingérence. La vidéo controversée a été supprimée des réseaux.
Deux jours après le Mali, le Niger a annoncé, à son tour, la rupture
de ses relations diplomatiques avec l'Ukraine.
D'intenses combats ont eu lieu les 25 et 27 juillet derniers à Tinzaouatène, dans la région de Kidal, dans le nord du Mali, entre les Forces armées maliennes (FAMa) et les rebelles du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA).
L'armée malienne avait reconnu la perte de nombreux militaires. Elle avait également affirmé que des frappes aériennes avaient permis de neutraliser de nombreux assaillants.
Pour rappel, le 16 septembre 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger avaient annoncé la signature de la Charte du Liptako-Gourma, créant ainsi l'Alliance des États du Sahel (AES) et tournant la page de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), dont ils étaient membres et qu'ils avaient quittée suite à des sanctions décidées à leur encontre.
Ouagadougou, Bamako et Niamey avaient, en effet, annoncé en janvier 2024 leur départ "avec effet immédiat" de la CEDEAO, une organisation qu'ils jugent
par des puissances coloniales étrangères.
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