ÉDITION:

Macron et l'Otan, un long fleuve plus tranquille

11:248/07/2023, Cumartesi
MAJ: 8/07/2023, Cumartesi
AFP
Président de la République française, Emmanuel Macron. Crédit photo: PASCAL ROSSIGNOL / POOL / AFP
Président de la République française, Emmanuel Macron. Crédit photo: PASCAL ROSSIGNOL / POOL / AFP

De la "mort cérébrale" à "l'électrochoc" de la guerre en Ukraine: Emmanuel Macron, qui passait pour le trublion de l'Otan, s'est repositionné en prenant ses distances avec Poutine et en appelant à tracer une voie pour l'adhésion de l'Ukraine.

Une position sur laquelle le président français espère capitaliser au sommet de l'Otan les 11 et 12 juillet à Vilnius (Lituanie) pour redevenir une puissance médiatrice dans le conflit, après avoir vu son image sérieusement écornée dans les premiers mois de la guerre.


"La France, qui passait pour un partenaire un peu difficile, se retrouve au point d'équilibre de l'Alliance"
, résume Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et expert au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).

"Le sommet se présente assez bien pour nous"
, renchérit-on à Paris.

La position de la France est beaucoup plus claire, se félicite un diplomate lituanien.


Ce n’est pas habituel de discuter avec les Français contre les Américains.

Les Etats-Unis et l'Allemagne, inquiets qu'une telle décision ne rapproche l'Alliance d'une guerre avec la Russie, rechignent à donner une perspective claire d'adhésion à l'Ukraine, contrairement aux Européens de l'Est et désormais la France.


"Vrai tournant"


En novembre 2019, Emmanuel Macron avait jeté un froid en déclarant l'Otan en
"état de mort cérébrale"
face au désengagement américain et à l'offensive turque contre les terroristes du PKK/YPG en Syrie.

Ses appels incessants à plus d'
"autonomie stratégique"
européenne alimentent aussi les soupçons chez des partenaires avant tout soucieux de s'en remettre aux Américains et à l'Otan pour leur sécurité.

Après le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, le président français a continué à échanger pendant plusieurs semaines avec Vladimir Poutine, appelant même à ne pas
"humilier"
la Russie, dans l'espoir d'une issue rapide au conflit.

"Jusqu’en juillet 2022, les Français sont un peu inaudibles. On est un allié sérieux mais on veut parler avec Poutine, ce qui n'est pas bien compris par une partie des alliés"
, souligne Camille Grand.

Mais la guerre s'installe dans la durée, l'armée russe multiplie les exactions et les bombardements meurtriers sur les villes et les infrastructures critiques de l'Ukraine, centrales électriques, réseaux de transport, barrage. Paris change alors progressivement de posture.


"Le vrai tournant c'est le feu vert d'Emmanuel Macron à la livraison de blindés légers à l'Ukraine en janvier"
, analyse Alexandra de Hopp Schaffer, experte en géostratégie au German Marshall Fund.

Les États-Unis et l'Allemagne lui emboîtent alors le pas.

A Bratislava le 31 mai, le chef de l'État accentue sa
"mue"
: la Russie a
"réveillé"
l'Otan en attaquant son voisin, lance-t-il, concédant aussi que la France n'a pas toujours suffisamment écouté ses partenaires de l'Est.

"Patron de l'Europe"


Il plaide aussi pour une feuille de route claire d'adhésion à l'Ukraine et, d'ici là, pour l'octroi de garanties de sécurité
"tangibles"
à Kiev afin de dissuader Moscou de toute nouvelle agression.

"Ce discours a positivement marqué les esprits"
, notamment dans les pays d'Europe centrale et de l'est qui ont connu le joug soviétique, relève Nicolas Tenzer, professeur à Sciences Po.

"Il a compris que s'il voulait être le +patron+ de l'Europe, il lui fallait être à la pointe du combat sur l'Ukraine"
, esquisse-t-il.

La France, multipliant les signes d'engagement, a renforcé sa présence militaire sur le front oriental de l'Alliance avec plus de 1.000 soldats en Roumanie et 300 en Estonie.

Emmanuel Macron a aussi rassuré ses partenaires, en présentant l'
"Europe de la Défense"
comme un
"pilier européen au sein de l'Otan"
, et non pas une fin en soi.

L'Europe de la défense prônée par Emmanuel Macron, avec son pilier industriel, a encore un long chemin devant elle.


"Elle a du mal à résonner dans le contexte de la guerre en Ukraine"
, constate Alexandra de Hopp Scheffer.

"Ce qui fera vraiment bouger les Européens, c'est la potentielle réélection de Trump en 2024"
, qui signerait un recentrage américain sur la Chine au détriment de l'Europe, parie-t-elle.

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