L'Italie va délocaliser en Albanie l'accueil de migrants sauvés en mer

La rédaction
18:227/11/2023, Salı
MAJ: 7/11/2023, Salı
AFP
La Première ministre d'Italie, Giorgia Meloni et son homologue albanais, Edi Rama, à l'occasion de la signature de l'accord sur les migrants, au Palais Chigi, à Rome, le 6 novembre 2023. Crédit photo: TIZIANA FABI / AFP
La Première ministre d'Italie, Giorgia Meloni et son homologue albanais, Edi Rama, à l'occasion de la signature de l'accord sur les migrants, au Palais Chigi, à Rome, le 6 novembre 2023. Crédit photo: TIZIANA FABI / AFP

L'Italie va ouvrir en Albanie, un État non membre de l'UE, deux centres pour accueillir des migrants sauvés en mer, en vertu d'un accord signé lundi à Rome par la Première ministre Giorgia Meloni avec son homologue Edil Rama.

Ces deux centres gérés par l'Italie, opérationnels au printemps 2024, pourront accueillir jusqu'à 3.000 migrants, soit environ 39.000 par an selon les prévisions, selon un document communiqué à l'AFP par les services du gouvernement. 


Ces
"deux structures d'entrée et d'accueil temporaire des immigrés sauvés en mer"
permettront de
"mener rapidement les procédures de traitement des demandes d'asile ou les éventuels rapatriements".

Dans le centre de premier accueil et de triage situé au port de Shengjin (nord) auront lieu les procédures de débarquement et d'identification, tandis que le centre de Gjader, une localité situé à une vingtaine de km, sera chargé des procédures ultérieures.


Les deux centres, placés sous juridiction italienne, bénéficieront de la collaboration des forces de police albanaises pour les activités de sécurité et de surveillance.


Cet accord italo-albanais
"ne concerne pas les mineurs, les femmes enceintes, et les personnes vulnérables",
a précisé Mme Meloni lors de déclarations à la presse au siège du gouvernement au côté de M. Rama. 

L'Italie, confrontée à un afflux de migrants depuis janvier (145.000 contre 88.000 en 2022 sur la même période), a fait appel à la solidarité de ses partenaires européens, sans grand résultat jusqu'ici.


"Si l'Italie lance un appel, l'Albanie répond présente",
a affirmé Edil Rama, s'attirant le soutien de Mme Meloni pour entrer dans l'Union européenne.

"L'Albanie confirme qu'elle est un pays ami et bien qu'elle ne fasse pas encore partie de l'UE elle se comporte comme si elle était un État membre"
, a-t-elle affirmé.
"Je suis fière que l'Italie soit depuis toujours au nombre des pays soutenant l'élargissement aux Balkans occidentaux".

L'Italie est le premier partenaire commercial de l'Albanie, et les échanges entre les deux pays représentent 20% du PIB albanais.


L'opposition au gouvernement de coalition entre l'extrême droite et la droite dirigé par Mme Meloni s'est élevée contre la signature de cet accord instituant
"une véritable déportation en violation flagrante du droit international",
selon les mots du député de l'Alliance Verts et Gauche Angelo Bonelli.

"Le principe du non-refoulement est clair et ne peut pas être contourné. Nous ne pouvons pas tolérer que le droit d'asile soit vidé de sa substance à travers des accords prévoyant de déplacer des personnes dans un pays hors UE sans garanties suffisantes pour leurs droits fondamentaux"
, a-t-il dénoncé.

Demande de précision à Rome


La Commission européenne a indiqué mardi avoir demandé des
"informations détaillées"
au gouvernement italien sur cet accord signé lundi à Rome visant à délocaliser en Albanie l'accueil des migrants sauvés en mer et l'examen de leur demande d'asile.

Une porte-parole de l’exécutif européen a toutefois estimé que d'après ses
"premières informations",
cet accord n'était pas similaire à celui passé en 2022 entre le Royaume-Uni et le Rwanda, qui avait été critiqué par la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson. La responsable suédoise avait à l'époque jugé que cette manière d'
"externaliser les procédures d'asile (n'était) pas une politique migratoire humaine et digne".

"Nous sommes en contact avec les autorités italiennes car nous devons examiner les détails"
de l'accord passé avec l'Albanie, a déclaré cette porte-parole, Anitta Hipper, lors du point de presse quotidien de la Commission.

"En ce qui concerne (l'accord) Royaume-Uni-Rwanda (...), d'après les premières informations dont nous disposons, ce n'est pas le même cas de figure. Mais encore une fois, nous avons besoin d'informations détaillées"
, a-t-elle poursuivi.

La porte-parole a rappelé que ce genre d'accord devait
"respecter"
le droit européen et international en matière d'asile.

L'UE est en train de finaliser une réforme de sa politique migratoire, prévoyant notamment un renforcement des frontières extérieures de l'UE ainsi qu'un mécanisme de solidarité obligatoire entre pays de l'UE dans la prise en charge des demandeurs d'asile.


Les Européens tentent aussi de réduire l'immigration irrégulière en passant des accords avec des pays tiers, comme la Tunisie récemment, afin que ces derniers empêchent les départs de migrants.


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