Au Sénégal, les réseaux sociaux, un terrain fertile pour les "agro-influenceurs"

09:5320/08/2024, mardi
AFP
L'agro-influenceur Mame Abdou Diop prépare du contenu pour les médias sociaux dans son verger de mangues à Gadiaga, dans la région de Thiès, le 25 juillet 2024.
Crédit Photo : Seyllou / AFP
L'agro-influenceur Mame Abdou Diop prépare du contenu pour les médias sociaux dans son verger de mangues à Gadiaga, dans la région de Thiès, le 25 juillet 2024.

Accroupi à côté d'une pile de mangues fraîchement cueillies, l'agriculteur sénégalais Mame Abdou Diop tourne une vidéo TikTok, espérant capter l'attention de ses abonnés. Ce trentenaire fait partie d'une nouvelle génération d'entrepreneurs agricoles en Afrique de l'Ouest qui exploitent les plateformes en ligne pour stimuler leurs ventes, partager des connaissances et se faire une place dans un secteur économique crucial.

Depuis 2020, Mame Abdou Diop dirige une petite entreprise agricole qui cultive divers produits tels que pastèques, mangues, oignons et haricots. Grâce à la promotion de ses activités sur TikTok et Instagram, où il compte respectivement environ 14.000 et 2.000 abonnés, ses bénéfices ont grimpé en flèche et sa clientèle a doublé.


"J'avais l'habitude de faire des vidéos pour m'amuser, sans me douter de l'impact qu'elles auraient sur les réseaux sociaux",
explique M. Diop depuis l'un de ses champs à Gadiaga, à une soixantaine de kilomètres de Dakar. Rapidement, il s'est rendu compte du potentiel marketing de ces vidéos pour attirer de nouveaux clients.

L'agriculture représente environ 16 % du PIB du Sénégal mais souffre de sous-performance chronique. Le nouveau gouvernement a fait de la souveraineté alimentaire une priorité, visant à créer des emplois pour les jeunes touchés par le chômage. Toutefois, malgré une main-d'œuvre agricole représentant 60 % de la population, le Sénégal importe près de 70 % de sa nourriture.

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Des ouvriers disposent des mangues fraîchement cueillies dans des barquettes destinées à la vente sur les réseaux sociaux dans un champ à Gadiaga dans la région de Thiès le 25 juillet 2024.

Pour une population jeune, de plus en plus urbaine et technophile, les plateformes numériques offrent des opportunités d'innovation. Mame Abdou Diop utilise les réseaux sociaux pour rationaliser la chaîne de production en contournant les intermédiaires coûteux et en réduisant les prix.


Pape N'Diaye, vendeur de jus de fruits à Dakar, a découvert M. Diop via Instagram et a été impressionné par la qualité de ses produits.


Il se réjouit:


J'ai vu la qualité. Alors je l'ai contacté et il a livré dans les temps.

Les réseaux sociaux permettent également aux producteurs de partager et monnayer leur expertise technique.


Nogaye Sène, 27 ans, dont l'entreprise de conseil agricole a décollé grâce à la promotion sur les réseaux sociaux, en est un exemple. Formée en production agricole, elle gère des champs pour une douzaine de clients et partage sur Instagram, où elle compte plus de 3.000 abonnés, des conseils sur la culture, l'irrigation et l'agencement des champs.


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L'agro-influenceur Nogoye Sene, technicien supérieur en agronomie et directeur d'Ebeno Agrobusiness, prépare du contenu pour les médias sociaux dans un champ à Sinthiou Dara dans la commune de Keur Moussa, le 25 juillet 2024.

Selon Hélène Smertnik de Caribou Digital, l'utilisation des réseaux sociaux dans l'agriculture sénégalaise est encore à ses débuts et principalement limitée aux individus urbains travaillant dans des chaînes de valeur à petite échelle.

Adjaratou Kosse Faye, influenceuse agricole et entrepreneuse en horticulture, a fondé une plateforme d'échanges entre producteurs, y compris en zones rurales. Ce qui a commencé comme un forum sur Clubhouse pendant la pandémie de Covid est devenu un groupe WhatsApp avec plus de 50 participants de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, créant un réseau panafricain de partage de connaissances.


"Je trouve merveilleux que nous puissions nous faire confiance et que les médias sociaux nous aient permis de créer ce réseau"
, se réjouit Mme Faye.

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