Le prix Nobel Yunus arrive au Bangladesh pour former un gouvernement

13:328/08/2024, Thursday
AFP
Le lauréat du prix Nobel Muhammad Yunus s'exprime lors d'une conférence de presse à son arrivée à l'aéroport international Hazrat Shahjalal de Dhaka, le 8 août 2024, sous le regard de Nahid Islam, leader du mouvement de réforme des quotas au Bangladesh et chef du groupe Students Against Discrimination.
Crédit Photo : Munir UZ ZAMAN / AFP
Le lauréat du prix Nobel Muhammad Yunus s'exprime lors d'une conférence de presse à son arrivée à l'aéroport international Hazrat Shahjalal de Dhaka, le 8 août 2024, sous le regard de Nahid Islam, leader du mouvement de réforme des quotas au Bangladesh et chef du groupe Students Against Discrimination.

Le prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus a atterri jeudi au Bangladesh où il doit prendre la tête d'un gouvernement intérimaire destiné à mener "un processus démocratique" vers des élections, après l'éviction de l'ancienne dirigeante Sheikh Hasina.

Ce retour de l'économiste de 84 ans intervient après des violences qui ont fait plus de 400 morts et la fuite de la Première ministre déchue Sheikh Hasina. Il devrait prêter serment jeudi
"vers 20H00"
(14H00 GMT) au cours d'une cérémonie
"en présence a priori d'une centaine de personnes"
, a annoncé le chef de l'armée, le général Waker-Uz-Zaman.

L'officier s'est dit
"certain"
, dans un discours télévisé à la nation, que Muhammad Yunus serait
"capable de mener un beau processus démocratique"
en faveur de la population. Le prix Nobel en exil, qui a lancé
"un vibrant appel au calme"
à ses compatriotes, a atterri comme prévu peu après 14H00 (08H00 GMT) à Dacca, après être parti mercredi de Paris et avoir fait une escale à Dubaï.

"Je vous demande de vous abstenir de toute forme de violence"
et
"soyez prêts à construire le pays"
, a-t-il déclaré dans un communiqué avant son retour.

Règlements de comptes


Il a promis mercredi, dans le magazine britannique The Economist, qu'il ferait tout pour que des
"élections libres et équitables soient organisées dans les prochains mois"
mais qu'il fallait que les jeunes
"ne soient pas obsédés par les règlements de comptes, comme l'ont été trop de nos gouvernements précédents"
.

Tarique Rahman, président par intérim du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal mouvement d'opposition à Sheikh Hasina, a aussi appelé mercredi à l'organisation d'un scrutin
"le plus vite possible"
, dans un discours vidéo adressé de son exil londonien à une immense foule dans la capitale Dacca.

Le retour de Muhammad Yunus a été facilité par son acquittement mercredi dans un procès en appel pour infraction au droit du travail. Sa condamnation à six mois de prison en première instance en janvier, la seule prononcée contre lui sur plus de 100 procédures pénales le visant, était considérée comme politique par ses défenseurs. Il avait alors quitté le pays.

La décision de
"former un gouvernement intérimaire (...) avec Yunus comme chef"
a été prise à l'occasion d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, de hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif Étudiants contre la discrimination, le principal mouvement à l'origine des manifestations déclenchées début juillet, a annoncé mercredi la présidence bangladaise.

Police et armée remaniées


Autre signe d'apaisement, le nouveau chef de la police, Mainul Islam, a promis mercredi une enquête
"impartiale"
sur les manifestations meurtrières et présenté ses excuses pour la conduite de ses prédécesseurs, limogés par le président. Il a demandé aux policiers, en grève depuis mardi pour protester contre les attaques les visant, de reprendre le travail jeudi.

L'armée a également procédé à plusieurs remaniements parmi ses hauts gradés, notamment en rétrogradant certains d'entre eux jugés proches de Mme Hasina. Au moins 432 personnes ont été tuées durant le mouvement de contestation, dont au moins 122 lundi, la journée la plus meurtrière, selon un décompte de l'AFP reposant sur des sources policières, gouvernementales et médicales.

Réfugiés à la frontière


Depuis,
"plusieurs centaines de ressortissants bangladais, pour la plupart hindous, se sont rassemblés en différents endroits le long de la frontière"
avec l'Inde, a déclaré Amit Kumar Tyagi, inspecteur général adjoint de la Force de sécurité frontalière (BSF) de l'Inde. Au niveau du district indien de Jalpaiguri, plus de 600 Bangladais se sont rassemblés dans le no man's land, a détaillé M. Tyagi.
"Comme il n'y a pas de clôture ici, le personnel de la BSF a formé un bouclier humain pour les tenir à distance"
, a-t-il déclaré à l'AFP.

Les manifestations au Bangladesh avaient commencé début juillet après la réintroduction d'un régime réservant près d'un tiers des emplois dans la fonction publique aux descendants d'anciens combattants de la guerre d'indépendance. Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009, avait été désavouée par l'armée et s'était enfuie lundi en hélicoptère vers l'Inde.


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