ÉDITION:

Bangladesh: le futur dirigeant Yunus appelle au "calme" et "à reconstruire le pays"

15:527/08/2024, Çarşamba
AFP
Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, futur dirigeant du gouvernement intérimaire au Bangladesh.
Crédit Photo : Andreas SOLARO / AFP
Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, futur dirigeant du gouvernement intérimaire au Bangladesh.

Le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, futur dirigeant d'un gouvernement intérimaire au Bangladesh, a appelé mercredi ses concitoyens au "calme" et à "se tenir prêts à reconstruire le pays", tout en s'engageant à organiser des élections prochainement.

"Je lance un appel vibrant à tout le monde afin de garder son calme. Je vous demande de vous abstenir de toute forme de violence"
, a déclaré M. Yunus dans un communiqué, à la veille de son retour au Bangladesh depuis la France, et après la fuite de la Première ministre démissionnaire Sheikh Hasina et la dissolution du Parlement.

Soyez calmes et prêts à reconstruire le pays.

"Si nous empruntons la voie de la violence, tout sera détruit"
, a ajouté l'économiste de 84 ans, qui a aussi
"félicité les courageux étudiants"
et
"le peuple de leur avoir donné un total soutien"
.

Il a également écrit mercredi dans le magazine britannique The Economist qu'il ferait tout pour que des
"élections libres et équitables soient organisées dans les prochains mois"
, et a insisté sur l'importance pour les jeunes de ne pas être
"obsédés par les règlements de comptes, comme l'ont été trop de nos gouvernements précédents"
.

Décisions du président


La décision de former un gouvernement intérimaire avec Muhammad Yunus comme chef a été prise lors d'une rencontre entre le président Mohammed Shahabuddin, de hauts dignitaires de l'armée et des responsables du collectif Étudiants contre la discrimination, principal mouvement à l'origine des manifestations initiées début juillet, selon un communiqué de la présidence bangladaise mercredi.

L'économiste, connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance pionnière, s'était attiré l'inimitié persistante de Mme Hasina, qui l'accusait de
"sucer le sang"
des pauvres. Il était parti à l'étranger début 2024 après avoir été condamné à six mois de prison, tout en restant libre en attendant l'appel.

Le président Shahabuddin a dissous mardi le Parlement, comme le réclamaient les étudiants protestataires et le BNP.


Lundi, il avait ordonné la libération des personnes arrêtées lors des manifestations et des prisonniers politiques, y compris Michael Chakma, un militant indigène incarcéré dans une prison secrète depuis 2019, selon son parti, le Front démocratique du peuple uni.


Lundi avait été la journée la plus meurtrière depuis le début du mouvement, avec au moins 122 morts, et au moins 10 autres personnes ont été tuées mardi, portant le bilan total à au moins 432 morts, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources policières, gouvernementales et médicales.

La contestation a abouti lundi au départ de Mme Hasina, 76 ans, contrainte de s'enfuir en hélicoptère. Elle a atterri dans une base militaire près de New Delhi, mais une source de haut niveau a affirmé qu'elle ne faisait que
"transiter"
par le pays avant de se rendre à Londres. L'appel du gouvernement britannique à une enquête de l'ONU sur les
"niveaux de violence sans précédent"
au Bangladesh a cependant mis en doute cette destination.

Evictions dans l'appareil sécuritaire


Le chef de la police nationale a été limogé par le président Shahabuddin et l'armée a procédé à plusieurs remaniements parmi ses hauts gradés, notamment en rétrogradant certains d'entre eux jugés proches de Mme Hasina. Le chef de l'armée bangladaise, le général Waker-Uz-Zaman, avait annoncé lundi la formation prochaine d'un
"gouvernement intérimaire"
.

Après son allocution, des millions de Bangladais étaient descendus dans les rues de Dacca. Les manifestants avaient envahi le Parlement, incendié des chaînes de télévision pro-gouvernementales et brisé des statues du père de la Première ministre déchue, Sheikh Mujibur Rahman, héros de l'indépendance du pays.

Les bureaux de la Ligue Awami, le parti de Mme Hasina, ont été incendiés et pillés à travers le pays. Des commerces et des maisons appartenant à des hindous, un groupe considéré par certains comme proche de Mme Hasina, ont également été attaqués, selon des témoins.


L'Inde voisine, les États-Unis et l'Union européenne ont exprimé leurs inquiétudes après des informations faisant état d'attaques contre des minorités. Revenue au pouvoir en 2009, Sheikh Hasina avait remporté en janvier un cinquième mandat à l'issue d'une élection sans véritable opposition.

Pour Thomas Kean, du think-tank International Crisis Group, les nouvelles autorités font face à un formidable défi, celui de
"reconstruire la démocratie au Bangladesh, qui a été gravement abîmée ces dernières années"
.

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