Crédit Photo : Kola Sulaimon / AFP
Des sacs de charbon de bois sont déchargés sur le marché de Jibia le 18 février 2024. Le Nigeria, qui partage 1 600 km de frontière avec son voisin, était jusqu'à présent l'un des principaux partenaires commerciaux du Niger avec 193 millions de dollars d'exportations en 2022 selon les Nations Unies (électricité, tabac, ciment, etc.). Depuis la fermeture de la frontière, c'est même la double peine pour les populations locales qui ont vu les prix des denrées alimentaires exploser sous l'effet conjugué des nouvelles restrictions de circulation et d'une inflation galopante après que le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, en poste depuis mai, a mis en place des réformes économiques qui ont plongé le pays dans la crise.
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé samedi, dans un communiqué, être parvenu à un accord avec le gouvernement nigérien portant sur les revues périodiques de plusieurs programmes d'aide actuellement en cours avec le pays du Sahel, ouvrant la porte au versement de plus de 70 millions de dollars.
L'accord doit désormais recevoir le feu vert du conseil d’administration du Fonds, qui devrait se réunir
"dans les prochaines semaines",
a précisé l'institution dans son communiqué.
Il s'agit d'une part de la quatrième et cinquième revue du programme d'aide actuellement en cours, qui devrait permettre un déboursement de 26,1 millions de dollars.
L'accord porte également sur la première revue dans le cadre du Fonds de résilience et de durabilité, l'outil de financement de long terme du FMI afin de financer la transition écologique et l'adaptation des pays émergents et en développement, qui permettrait cette fois le versement de 45,3 millions de dollars supplémentaires.
Le FMI reconnait notamment les efforts des autorités afin de
"simplifier le code général des impôts et adopter une stratégie de gestion des recettes pétrolières visant à protéger le budget des fluctuations des prix du pétrole".
Le pays profite en effet du maintien des cours du pétrole à un niveau satisfaisant pour soutenir sa croissance. Celle-ci est également renforcée par la levée des sanctions par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui avaient été mises en place en juillet 2023, après le coup d'Etat ayant renversé le président Mohamed Bazoum.
Le FMI est l'une des rares institutions à continuer d'apporter de l'aide au Niger depuis le coup d'Etat. La France, l'Allemagne, l'Union européenne et les Etats-Unis ont suspendu un certain nombre de programmes d'aide.
Après avoir suspendu également ses décaissements, la Banque mondiale a annoncé mi-mai une reprise du financement de plusieurs projets dans le pays.
Les sanctions et les difficultés du secteur agricole, essentiel au Niger, avaient entraîné un ralentissement de la croissance en 2023, à 2,4%, un niveau particulièrement faible pour un pays connaissance une croissance annuelle de sa population de 3,7% en moyenne.
Mais la levée des sanctions et la bonne tenue du secteur pétrolière devrait permettre à l'économie nigérienne de progresser de 10,6% cette année, avec une inflation qui devrait rester contenue.
Le FMI alerte cependant sur les effets que pourraient avoir une détérioration de la situation sécuritaire dans le pays sur la croissance économique.
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