Crédit Photo : JAM STA ROSA / AFP
L'ancienne sénatrice philippine et militante des droits de l'homme Leila de Lima, quittant le tribunal après l'abandon de toutes les charges pénales qui pesaient contre elle, à Muntinlupa, dans la banlieue de Manille, le 24 juin 2024.
L'ancienne ministre des Philippines et militante Leila de Lima, en butte à des poursuites judiciaires après avoir enquêté sur des exactions commises du temps de l'ancien président Rodrigo Duterte, a annoncé lundi que les dernières accusations pesant contre elle étaient levées.
Leila de Lima, 64 ans, a passé plus de six ans en prison pour des accusations de trafic de drogue qu'elle et des groupes de défense des droits de l'homme ont qualifiées de parodie de justice et de vengeance.
"Je suis maintenant complètement libre et blanchie. C'est très libérateur"
, a déclaré Mme de Lima, émue, à la presse à sa sortie de la salle d'audience d'un tribunal de la capitale Manille.
"Malgré la douleur et l'injustice, j'ai résisté et j'ai enduré tout le processus (judiciaire)"
, a-t-elle ajouté.
Avant son arrestation, Mme de Lima avait passé une dizaine d'années à enquêter sur des meurtres commis par des
qui auraient été orchestrés par M. Duterte lorsqu'il était maire de la ville méridionale de Davao et au début de sa présidence (2016-2022).
L'ancienne sénatrice et ancienne ministre de la Justice a été libérée sous caution en novembre 2023, après que deux autres accusations contre elle liées au trafic de drogue ont été abandonnées.
Son avocat, Filibon Tacardon, a indiqué que la dernière accusation liée au trafic de drogue avait été classée pour insuffisance de preuves.
"L'accusation n'a pas été en mesure de prouver la culpabilité de tous les accusés au-delà de tout doute raisonnable"
, a écrit lundi le juge Gener Gito, qui a acquitté Mme Lima et quatre autres personnes, toutes accusées de commerce illégal de stupéfiants.
La militante avait été accusée d'avoir soutiré de l'argent à des détenus de la plus grande prison du pays pour leur permettre de vendre de la drogue alors qu'elle était ministre de la Justice de 2010 à 2015.
Le tribunal a aussi classé sans suite lundi une autre accusation selon laquelle Mme de Lima aurait persuadé un ancien employé d'ignorer une convocation du Parlement à une audience sur un commerce présumé de drogues illégales dans les prisons philippines.
Le jugement indique que Mme de Lima a été privée de son
"droit à un procès rapide"
, garanti par la constitution philippine, puisqu'elle a passé 2.321 jours en prison alors qu'elle était jugée dans une affaire où la peine maximale en cas de condamnation est de 180 jours d'emprisonnement.
Mme De Lima a été l'une des critiques les plus virulentes de M. Duterte et de sa guerre contre la drogue qui a fait des milliers de morts. Elle n'a cessé de dénoncer les accusations à son encontre, qui l'exposaient à une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité, estimant que M. Duterte voulait la réduire au silence. En cours de procès, de nombreux témoins sont morts ou se sont rétractés.
Ferdinand Marcos, fils et homonyme de l'ancien dictateur philippin, a succédé à Rodrigo Duterte en 2022, après une large victoire aux élections. Il a indiqué précédemment qu'il ne livrera pas son prédécesseur à la Cour pénale internationale (CPI), qui enquête sur sa campagne de répression meurtrière contre le trafic de drogue dans l'archipel.
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