Une délégation d'Arabie saoudite venue fin janvier en Somalie pour lancer des projets d'aides a été accueillie en fanfare dans ce pays de la Corne de l'Afrique, où les poids lourds du Golfe rivalisent d'influence.
Tout en applaudissant ces nouveaux projets, prévoyant la fourniture de matériel scolaire et de points d'eau pour le bétail, des responsables somaliens ont exprimé le souhait de voir la monarchie pétrolière s'impliquer davantage dans leur pays.
Nous renforçons nos forces armées pour assurer notre protection et nous reconstruisons notre économie.
Lorsque la guerre civile a éclaté en avril dernier au Soudan, Ryad s'est empressé d'y envoyer des navires de guerre pour évacuer les civils et a accueilli des pourparlers de paix à Jeddah.
"Pré carré"
Cet intérêt pour la région témoigne de l'importance pour l'Arabie de préserver la stabilité le long de la mer Rouge, où elle développe plusieurs stations balnéaires, mais aussi de sa volonté de contrer l'influence des Émirats arabes unis, son ambitieux voisin du Golfe, estiment les analystes.
Cameron Hudson, chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales à Washington affirme:
Il y a une sorte de jeu du chat et de la souris entre les Émiratis et les Saoudiens dans la Corne de l'Afrique.
Abou Dhabi, a été récemment pointée du doigt pour son rôle au Soudan, où des experts de l'ONU l'accusent d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide qui combattent l'armée. Les autorités émiraties ont formellement démenti.
Soutien militaire
Le chercheur à l'International Crisis Group, Omar Mahmood, doute que les Emiratis soient derrière l'accord avec l'Ethiopie, qui pourrait affecter leurs investissements dans la ville de Berbera, au Somaliland, dont le port est géré par la compagnie de Dubaï DP World.
Avant cet épisode, l'Arabie avait déjà resserré ses liens avec le pays africain en y nommant en 2021 son premier ambassadeur depuis trois décennies.
Quant au président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, il a choisi l'année dernière l'un de ses proches conseillers, Owais Haji Yusuf Ahmed, pour diriger la mission diplomatique à Ryad.
Les Emirats ont déjà signé en janvier un accord de coopération militaire avec la Somalie. Le 11 février, ils ont annoncé la mort de quatre de leurs soldats, ainsi que d'un officier Bahreini, qui effectuaient une mission de formation à Mogadiscio, dans une attaque revendiquée par les terroristes El-Shebab.