Lors d'un point presse ce jeudi, Anadolu a interrogé le porte-parole adjoint de la Diplomatie française, Christophe Lemoine sur une éventuelle décision de la France dans ce sens, suite à la décision émise le 26 janvier dernier par la Cour internationale de Justice (CIJ).
Pour rappel, dans un premier verdict dans l'affaire opposant l'Afrique du Sud à Israël pour
dans la bande de Gaza, l'institution judiciaire internationale a ordonné qu'Israël prenne immédiatement des mesures pour garantir que son armée ne viole pas la Convention sur le génocide. Malgré cette décision, Tel Aviv poursuit ses attaques contre l'enclave palestinienne.
En réponse à une question d'Anadolu, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères a d'abord indiqué:
Sur la CIJ, nous avons pris note de la nouvelle demande des mesures conservatoires introduites par l'Afrique du Sud contre Israël.
"Cette demande s'inscrit dans la même procédure que celle ayant conduit la Cour à adopter une ordonnance le 26 janvier dernier. Ces mesures conservatoires, ordonnées par la Cour, sont juridiquement obligatoires et elles s'imposent évidemment à toutes les parties"
, a ajouté Christophe Lemoine.
Il a souligné que ces mesures
"doivent être mises en œuvre"
et qu'elles
"correspondent aux exigences posées par la France",
réitérant
"l'attachement" de la France au droit international et "réaffirmant son soutien et sa confiance à la Cour internationale de justice".
Après que le correspondant d'Anadolu a réitéré sa question sur une éventuelle décision qui serait prise par la France d'imposer un moratoire sur l'exportation d'armes vers Israël, le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay a indiqué qu'il
sur le sujet
L'opposition française appelle à un moratoire
Pour rappel, ce mardi, Anadolu a interrogé Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire La France Insoumise (LFI) sur les contradictions potentielles dans les politiques étrangères de pays qui, d'une part,
ou
"expriment leur préoccupation
" concernant les attaques meurtrières d'Israël contre la population civile de l'enclave palestinienne, mais d'autre part poursuivent leurs ventes d'armes à ce pays.
"La France, en premier lieu"
, a déclaré Mathilde Panot,
"doit faire un moratoire et arrêter la livraison et la fourniture d'armes à un gouvernement qui commet des massacres et des crimes de guerre, considérés par la Cour internationale de Justice avec un risque génocidaire".
Panot a souligné l'incompatibilité de cette pratique avec la Convention de 1948 sur la prévention et l'interdiction des génocides et a insisté sur l'importance d'un cessez-le-feu. La Convention sur le génocide, un traité historique en matière de droits humains, a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1948. Cette convention marque la première fois où le crime de génocide a été formellement défini et codifié dans le droit international.
Faisant état d'une contradiction entre les
exprimées par l'Exécutif français sur les bombardements israéliens et la poursuite de la vente d'armes vers ce pays, la députée Insoumise a souligné:
Lorsque vous voyez les attaques sur Rafah, sur lequel se conforte une intention génocidaire, évidemment, il faut que la France non seulement parle haut et fort sur le cessez-le-feu, mais arrête totalement la fourniture d'armes".
Exportations françaises d'armes vers Israël
Selon le rapport 2023 soumis par le ministère français des Armées en juillet 2022 au Parlement, la France a exporté près de 200 millions d'euros d'armement à Israël entre 2013 et 2022, faisant de Paris l'un des plus grands exportateurs d'armes à Tel Aviv, après les États-Unis qui constituent la première source étrangère d'approvisionnement pour Israël.
Selon le rapport du ministère des Armées, les armes exportées par la France à Israël incluent des
"bombes, torpilles, roquettes, missiles, autres dispositifs et charges explosifs et matériels et accessoires connexes [...] et leurs composants spécialement".
À cette liste s'ajoutent également des systèmes de haute technologie de guidage des missiles et des bombes, ainsi que des pistolets mitrailleurs.
En outre, selon une déclaration du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, à des journaux du groupe Ebra, la France et Israël entretiennent également une coopération militaire qui repose sur des échanges de renseignement, notamment dans la lutte anti-terroriste.
Dans sa réponse à Anadolu, ce mardi, Mathilde Panot a, par ailleurs, critiqué le rôle des États-Unis dans ce conflit, indiquant que le
"gouvernement d'extrême droite de Netanyahu"
ne pourrait pas maintenir son offensive sans les armes américaines. Panot a salué les efforts du mouvement de paix aux États-Unis, qui
"tente, par tous les moyens possibles, d'empêcher des départs de livraisons d'armes".
Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les États-Unis, premiers exportateurs d'armes vers Israël, devant l'Allemagne et l'Italie, ont représenté 70,2 % des importations israéliennes d'armes conventionnelles majeures en 2011 et 2020.
Depuis une incursion transfrontalière du groupe palestinien Hamas le 7 octobre dernier, qui a tué environ 1 200 personnes, la série d'attaques israéliennes contre la bande de Gaza a tué 28 663 personnes, en blessant plus de 68 395 autres, des femmes et des enfants pour la majorité d'entre elles.
Les bombardements israéliens indiscriminés ont également causé des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité. Ces attaques ont poussé 85 % de la population de l'enclave palestinienne à se déplacer à l'intérieur du pays, notamment vers la ville de Rafah, au sud du territoire.
La population de Rafah, qui s'élevait à approximativement 280 000 personnes avant ces attaques, a dramatiquement augmenté, dépassant 1,3 million d'habitants. La majorité vit dans des conditions précaires, dans des camps de fortune.
La population gazaouie fait face à des pénuries aiguës de nourriture, d'eau potable et de médicaments, tandis que 60 % des infrastructures de l'enclave ont été endommagées ou détruites, selon l'ONU.
Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de justice, qui, dans une décision provisoire en janvier, a ordonné à Tel Aviv de mettre fin aux actes génocidaires et de prendre des mesures pour garantir que l'aide humanitaire soit fournie aux civils à Gaza.
Malgré cette décision judiciaire, Israël persiste dans ses attaques. La décision du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu de lancer une offensive terrestre à Rafah a exacerbé les craintes d'une nouvelle tragédie humanitaire.