Israël: le Parlement accorde des fonds controversés aux juifs ultra-orthodoxes

14:4524/05/2023, mercredi
MAJ: 24/05/2023, mercredi
AFP
Le Parlement israélien. Crédit photo: GIL COHEN-MAGEN / AFP
Le Parlement israélien. Crédit photo: GIL COHEN-MAGEN / AFP

Le Parlement israélien a accordé des fonds controversés aux juifs ultra-orthodoxes dans le budget de l'Etat pour 2023-2024 approuvé mercredi par le Parlement, des financements de plusieurs dizaines de millions d'euros dénoncés par l'opposition au gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le budget voté s'élève à 484 milliards de shekels (120,5 milliards d'euros) pour 2023, et 514 milliards de shekels (environ 128 milliards d'euros) pour 2024.


Rapporté à la prévision de PIB du Fonds monétaire international (FMI) pour 2023, le déficit budgétaire inscrit dans la loi correspond à moins de 0,9% du PIB (contre un déficit estimé par le FMI à moins de 0,7% du PIB en 2022).

Mardi, des milliers de personnes ont manifesté à Jérusalem contre l'attribution de financements publics supplémentaires aux juifs ultra-orthodoxes, accusant la coalition au pouvoir de "
piller"
le pays.

La veille, M. Netanyahu avait annoncé que l'État accorderait aux hommes juifs ultra-orthodoxes mariés qui poursuivent des études religieuses plutôt que de travailler une enveloppe de 250 millions de shekels (62,5 millions d'euros), en plus des allocations dont bénéficie déjà la communauté ultra-orthodoxe, dans le cadre d'un accord de dernière minute avec l'un des partis ultra-orthodoxes de la coalition.


Le budget a finalement été approuvé dans la nuit de mardi à mercredi à une majorité de 64 députés sur les 120 que compte la Knesset (Parlement israélien), correspondant aux élus du "bloc de droite" de M. Netanyahu.


"Un crime"


"Nous avons remporté les élections, nous avons passé le budget, nous continuons pour encore quatre ans"
, s'est félicité M. Netanyahu sur son compte Facebook, après avoir oeuvré ces dernières semaines pour répondre aux exigences budgétaires de ses partenaires de coalition pour parvenir à un accord.

Le gouvernement de M. Netanyahu, alliant droite, extrême droite et partis juifs ultra-orthodoxes, avait jusqu'au 29 mai pour adopter un budget ou convoquer de nouvelles élections.

"Pendant que vous dormiez, le budget le pire et le plus destructeur de l'histoire du pays a été adopté"
, a écrit le chef de l'opposition Yaïr Lapid sur son compte Facebook. Et d'ajouter:

Ce budget est la violation du contrat avec les citoyens d'Israël, que nous tous et nos enfants et les enfants de nos enfants continuerons à payer.

Avec l'inflation élevée, la hausse des taux d'intérêt et la dévaluation du shekel ces derniers mois, un budget prévoyant de
s "moteurs de croissance"
aurait été préférable à des
"transferts d'argent"
vers les institutions ultra-orthodoxes, a déclaré à l'AFP Asher Blass, professeur d'économie au Ashkelon Academic College.

Selon lui, la situation budgétaire du pays a déjà été
"pire",
mais la trajectoire actuelle n'est
"pas bonne".

Interrogé par l'AFP, Yossef Hazki, un retraité âgé de 80 ans, habitant Ramat Gan, dans la banlieue de Tel-Aviv, estime que les
"laïcs sont laissés pour compte"
dans le nouveau budget.

"Ce gouvernement agit seulement pour
(les populations représentées dans)
la coalition, les ultra-orthodoxes et les nationalistes religieux et pour les
(colons dans les)
territoires occupés, mais pas pour
(le reste de)
la population"
, s'indigne-t-il.

Pour lui, les subventions supplémentaires attribuées aux hommes ultra-orthodoxes sont un
"crime":

Il faudrait au minimum donner cet argent aux jeunes qui servent dans l'armée.

Le service militaire de plusieurs années est obligatoire pour les jeunes israéliens et israéliennes mais les ultra-orthodoxes, qui représentent environ 12% de la population, en sont exemptés.


Sivan Sharon, une Israélienne âgée de 38 ans, qui travaille dans la high tech, secteur moteur de l'économie israélienne, déplore que
"les impôts que nous payons
(...)
n'aillent pas à ceux qui en ont vraiment besoin."

"Au bout du compte, ils vont à une population qui choisit de ne pas travailler et le gouvernement encourage cela. Cet argent peut servir à aider les populations les plus faibles, les soldats, aller à la santé et à l'éducation, les besoins ne manquent pas"
, estime-t-elle.

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