France: perpétuité requise contre Monique Olivier pour complicité dans trois crimes de "l'ogre des Ardennes"

19:2818/12/2023, lundi
MAJ: 18/12/2023, lundi
AFP
Monique Olivier, ex-femme du tueur en série Michel Fourniret, dans la salle d'audience lors de son procès à la cour d'assises de Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 novembre 2023.
Crédit Photo : MIGUEL MEDINA / AFP
Monique Olivier, ex-femme du tueur en série Michel Fourniret, dans la salle d'audience lors de son procès à la cour d'assises de Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 novembre 2023.

La réquisition criminelle à perpétuité a été requise lundi contre Monique Olivier, ex-épouse du violeur et tueur en série Michel Fourniret, jugée depuis le 28 novembre par une cour d'assises près de Paris, pour complicité dans trois enlèvements et meurtres de trois jeunes filles, dont une Britannique.

"Au vu de la gravité exceptionnelle des faits commis, de la nécessaire protection de la société",
les deux avocats généraux ont en outre demandé que la peine soit assortie d'une période de sûreté de 22 ans. 

Le verdict est attendu mardi dans ce procès entamé fin novembre, marqué par l'absence de Fourniret, décédé en mai 2021. Surnommé "L'ogre des Ardennes", il était inculpé depuis 2020 dans ces crimes vieux de 35, 33 et 20 ans. 

Des décennies de
"souffrance pour les familles"
, selon Me Corinne Herrmann, qui défend la famille de Marie-Angèle Domèce, une jeune fille de 18 ans disparue en juillet 1988 en Bourgogne, au sud-est de Paris.

En 2018, Michel Fourniret avait avoué son meurtre, ainsi que celui de Joanna Parrish, une Britannique de 20 ans dont le corps avait été retouvé dénudé dans la rivière de l'Yonne en 1990. Elle a été battue, droguée et violée.


Monique Olivier avait livré de premiers aveux à la justice belge en 2005 sur ces deux crimes. Le troisième cas concerne la disparition d'Estelle Mouzin, 9 ans, en janvier 2003, près de Paris.

À rebours de l'image de victime présentée par Monique Olivier tout au long de son procès, l'accusation a rappelé les choix faits par l'ex-épouse de Fourniret: mettre en confiance Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish en sachant qu'elles allaient droit à la mort, se taire pendant 16 ans au sujet d'Estelle Mouzin.


Avec elle, Fourniret "réussit" ses crimes


"Mme Olivier, vous n'êtes pas complice à ce moment-là, vous êtes auteur du choix de vous taire"
, a relevé l'avocate générale Stéphanie Pottier. 

"Sans elle, (Michel Fourniret) ne commet pas ces crimes. Avec elle, il les réussit",
a asséné l'autre avocat général, Hugues Julié. Et de poursuivre:

Le complice, c’est l'allié, celui qui est uni étroitement à l'auteur, en l'espèce aujourd’hui devant vous, c’est l'épouse du tueur en série.

"Vous allez partir en délibéré et quand vous reviendrez, vous allez la condamner",
a lancé pour sa part l'avocat historique de l'accusée Richard Delgenes aux jurés.

Sa
"conviction",
c'est que Michel Fourniret, sans Monique Olivier,
"serait devenu un tueur en série, parce qu'il l'est, c'est le tueur absolu".

Sa conviction, c'est aussi que si sa cliente,
"complice parfaite"
,
"avait rencontré quelqu'un qui faisait du bien, elle aurait fait le bien avec le même zèle pour exister"
aux yeux de cette personne. 

En 2008, une cour d'assises avait condamné Monique Olivier à la perpétuité pour complicité dans quatre enlèvements et meurtres de son mari. Puis elle avait écopé de 20 ans de réclusion, 10 ans plus tard, toujours pour complicité, dans un meurtre crapuleux cette fois. 


"Il m'a utilisée"
, avait assuré l'accusée de 75 ans au premier jour de son procès pour définir sa relation avec Michel Fourniret.

Avocat des familles Parrish et Mouzin, Me Didier Seban a lancé à l'accusée:


Je veux que ces crimes vous hantent dans vos nuits en maison d'arrêt.

Pendant trois semaines, l'audience a été émaillée de moments de tension, notamment quand le président Didier Safar a refusé de faire réagir l'accusée à chaud. Ainsi quand ont été projetées les quelques rares photos de Marie-Angèle Domèce, les jurés ne sauront pas ce que Monique Olivier a pu ressentir.


"Nous n'avons pas eu toutes les réponses, mais nous savions que ces réponses étaient dures à obtenir"
, a admis lundi devant la presse le père d'Estelle Mouzin.

Répétant inlassablement "
je ne sais pas"
ou
"je ne me souviens plus"
quand elle était interrogée sur les faits, Monique Olivier n'a apporté aucun nouvel élément tangible concernant les sévices infligés à l'enfant ou l'emplacement des corps d'Estelle Mouzin et de Marie-Angèle Domèce, jamais retrouvés. 

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