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France: L’Observatoire parisien des libertés publiques fustige les pratiques des BRAV-M

L’Observatoire parisien des libertés publiques (OPLP), collectif indépendant créé il y a trois ans à l’initiative de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et du Syndicat des avocats de France (SAF), a fustigé jeudi les pratiques des Brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M), escouades parisiennes de 36 policiers juchés par deux sur des motos, chargées de "disperser les regroupements, selon un emploi de la force gradué et proportionné et de procéder à un maximum d’interpellations".

18:18 - 13/04/2023 jeudi
MAJ: 09:49 - 14/04/2023 vendredi
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 Crédit Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Crédit Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Dans un rapport intitulé "Intimidations, violences, criminalisation: La BRAV-M à l’assaut des manifestations", rendu public ce jeudi et basé sur 90 observations des pratiques de maintien de l’ordre à Paris depuis le 1er mai 2019, l’OPLP fustige les pratiques de ces brigades - héritières des Pelotons de voltigeurs motorisés (impliqués dans la mort de Malik Oussekine, un étudiant de 22 ans dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, à Paris, ndlr) - décrites comme
"violentes et dangereuses, promptes à faire dégénérer les situations".

"La BRAV-M a développé un style qui puise dans les répertoires de la chasse, du film d’action, du virilisme et de l’intimidation",
soulignent les auteurs du rapport. Selon le document de l’OPLP, cette
"unité purement répressive"
traduit
"l’indifférence du pouvoir exécutif aux inquiétudes des citoyen·nes, ainsi qu’aux principes fondamentaux de l’idéal démocratique".

Malgré la salve de critiques à l’endroit de ces unités et plusieurs enquêtes diligentées contre elles, ainsi qu’une pétition réclamant leur dissolution, enterrée depuis par l’Assemblée nationale malgré ses 264 000 signatures recueillies, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, défend bec et ongles l’action de ces unités, lesquelles plaident
"la fatigue morale et physique"
pour justifier leur violence disproportionnée, indiscriminée et gratuite.

La première intervention officielle des BRAV-M dans les manifestations parisiennes date du 23 mars 2019, en plein mouvement des "gilets jaune". Pour rappel, dès décembre 2018, et sur décision du ministre de l’intérieur de l’époque Christophe Castaner et du préfet Michel Delpuech, des binômes de policiers motorisés, interdits depuis la mort de Malik Oussekine en 1986, ont réapparu dans les rues parisiennes.


"Face aux violences commises lors des manifestations des gilets jaunes, il fallait des unités qui puissent faire des interpellations rapidement et en nombre si besoin",
rapporte Mediapart qui cite un haut fonctionnaire, en poste à l’époque à la Préfecture de Police de Paris.
"On a mis en place les DARD
(Détachement d’action rapide et de dissuasion – ndlr)
, des policiers à moto",
a-t-il ajouté. L’un conduit et son passager intervient à pied pour disperser ou interpeller.

"Au début, on a essentiellement fait venir des agents des Brigades anti-criminalité
(BAC)
, pas formés au maintien de l’ordre",
souligne ce fonctionnaire qui a participé à la mise en place des DARD. Selon lui,
"ces brigades motorisées n’avaient pas vocation à se pérenniser
(…)
Elles ont échappé à la chaîne hiérarchique de commandement prévue habituellement lors des manifestations, notamment pour renforcer leur capacité à agir rapidement au risque qu’elles soient moins contrôlées, voire difficilement contrôlables".

Selon le rapport de l’OPLP, ces unités traduisent la volonté de l’exécutif de durcir les pratiques policières,
"dans une logique répressive à l’égard des manifestations, perçues sous l’angle du groupement à disperser plutôt que sous celui de la liberté à protéger".

L’Observatoire parisien des libertés publiques, souligne qu’au sein même de la police, l’absence d’encadrement et de formation spécifique au maintien de l’ordre pour les BRAV-M, irrite. Mediapart avait rendu public, en mars 2020, plusieurs notes internes émanant de la gendarmerie et des CRS, faisant état d’ordres illégaux du préfet Didier Lallement et de violences commises par ces brigades motorisées.


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