Devant un camp situé dans la localité frontalière de Jacumba, la directrice de l'ONG Al Otro Lado, Erika Pinheiro s'indigne auprès de l'AFP:
La police aux frontières nous a dit que c'était la nouvelle norme.
Selon elle, sept campements de ce genre se sont formés depuis septembre en Californie.
Mais la police aux frontières ne leur fournit ni nourriture, ni eau, ni abri, ni assistance médicale.
Avec d'autres associations, Al Otro Lado tente de pallier ces manques, en fournissant des produits de première nécessité et des soins.
Chaleur le jour, températures en dessous de zéro la nuit: ce désert infesté de serpents et de scorpions est un environnement hostile.
Les migrants qui arrivent ici passent par un trou formé dans une montagne le long du mur frontalier.
Nombre d'entre eux sont forcés de passer plusieurs nuits sur place. Les agents de la police aux frontières leur fournissent des bracelets de couleur, qui indiquent leur jour d'arrivée et servent à repérer qui doit sortir en priorité.
Car depuis mai, l'immense majorité des migrants doit obligatoirement effectuer sa demande d'asile via l'application CBP One. Son usage a créé un goulot d'étranglement à la frontière: obtenir un rendez-vous peut prendre des mois, selon les associations, qui dénoncent sa systématisation.
Le président démocrate est régulièrement accusé de laxisme par l'opposition républicaine. Et son prédécesseur, qui a dépensé des milliards pour construire le mur à la frontière, promet désormais d'avoir recours à l'armée pour la fermer en cas de retour au pouvoir.
Un contexte inflammable peu favorable aux profondes et complexes réformes du système d'immigration recommandées par les experts.
Face à l'extrême polarisation du pays sur ce sujet, Mme Pinheiro a fini par devenir suspicieuse. Et d'estimer:
La police aux frontières, et en particulier son syndicat, est une organisation politique partisane très pro-Trump.
Sollicités par l'AFP, l'administration n'a pas répondu, ni le syndicat fédérant ses agents.
Mais sur le terrain, certains fonctionnaires dénoncent sous couvert d'anonymat leur manque de moyens.
Les migrants, eux, continuent d'affluer quoi qu'il arrive.
Enceinte de huit mois, Carla Morocho a ainsi fui l'Équateur, avec l'espoir que son enfant naisse dans un pays moins violent et plus prospère.