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Emmanuel Macron, la République dans l'impasse

Six semaines après la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron n'est toujours pas parvenu à nommer un Premier ministre et à préparer le budget dans un contexte politique incertain qu'il a imposé.

La rédaction
11:20 - 21/08/2024 mercredi
AFP
Le président français Emmanuel Macron gesticule lors de sa visite au "Stade Tour Eiffel" à Paris, France, le 24 juillet 2024.
Crédit Photo : Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP
Le président français Emmanuel Macron gesticule lors de sa visite au "Stade Tour Eiffel" à Paris, France, le 24 juillet 2024.

Après avoir défié le peuple français en convoquant des élections législatives anticipées qui ne se sont pas soldées selon ses désir, le locataire de l'Elysée Emmanuel Macron tergiverse.


Contenir la coalition de gauche du Nouveau front populaire, nommer un Premier ministre, composer un gouvernement, préparer la rentrée, le budget... pour tous ces dossiers, Emmanuel Macron était soit en vacances avec Brigitte dans le Sud de la France, soit en "trêve politique", soit en train de participer à des commémorations ou des voyages officiels.


Finie la République en marche, aujourd'hui elle fait du sur place.


Mais Emmanuel Macron, copieusement tiraillé par les flancs gauche et droite de l'Assemblée, a dû se faire une raison. Ne pouvant laisser le poste de Premier ministre vacant jusqu'en 2027, il s'apprête à recevoir les différentes forces politiques à partir de vendredi.


La France connaîtra-t-elle enfin le nom du futur locataire de Matignon ? Peinant à dégager une majorité même relative, plus de six semaines après le second tour des législatives, c'est toujours Gabriel Attal qui est à la tête du gouvernement. Un gouvernement démissionnaire dont plusieurs membres participent aux travaux parlementaires, un dangereux précédent pour une république censée être bâtie sur la séparation stricte des pouvoirs.


Gabriel Attal en fier étrier de celui qui l'a intronisé Premier ministre, n'est pas en reste. Il vient d'envoyer les lettres-plafond octroyant les crédits aux ministères, afin, selon ses services, que la prochaine équipe gouvernementale puisse présenter un budget.

"Un pur scandale", "hallucinant", "un coup de force"
, pour la gauche majoritaire à l'Assemblée nouvellement élue qui dénonce la poursuite d'une politique
"d'austérité"
. On comprendrait presque Attal, l'inexpérimenté placé par pur copinage mais lance de fer de la Macronie: quitte à mépriser le résultat des suffrages et la nouvelle Assemblée, autant y aller franchement.

La situation provoquée par Emmanuel Macron est historique: Jamais un président n'avait pris autant de temps pour nommer un chef de gouvernement au terme d'élections législatives, et jamais non plus l'Assemblée, fragmentée, n'avait aussi peu laissé entrevoir de majorité.

Emmanuel Macron, qui avait laissé entendre par l'intermédiaire de ses courtisans qu'il était hors de question de laisser le pouvoir à LFI, recevra donc vendredi matin la coalition de partis de gauche du Nouveau front populaire et sa candidate pour Matignon, Lucie Castets.


Et, puisqu'il n'est plus à une contradiction près, celui qui avait fait de la lutte contre l'extrême-droite son cheval de bataille pour sa réélection recevra lundi en grandes pompes les leaders d'extrême droite Marine Le Pen et Jordan Bardella, mais également leur allié Eric Ciotti.

Alors que de son temps, Jacques Chirac avait lancé le célèbre
"on ne discute pas avec l'extrême-droite",
celui qui se rêvait en Jupiter des temps modernes passe son temps à papoter avec et à nommer des ministres qui appliquent son programme: loi immigration, loi séparatisme, etc.

Les services présidentiels ont fait savoir que la nomination d'un Premier ministre
"interviendra dans le prolongement de ces consultations, et de leurs conclusions",
ce qui laisse le temps à l'occupant de l'Elysée d'épuiser les plus las de cette situation unique dans l'histoire de la Ve République pour se rallier à son projet de majorité relative présidentielle.

En attendant, Macron piétine, l'Assemblée avec, mais l'espoir dans tous les camps reste permis et chacun sort sa calculette pour entrevoir une perspective viable jusqu'à la prochaine dissolution.


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