Crédit Photo : Arun SANKAR / AFP
Le chef du parti indien du Congrès, Rahul Gandhi, lors d'une conférence de presse au siège du parti du Congrès à New Delhi le 21 mars 2024.
L'opposition indienne s'est déclarée jeudi financièrement paralysée, après le gel par le gouvernement de ses comptes bancaires qui la prive de ressources pour affronter le parti nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi aux élections nationales qui débuteront en avril.
"Toute notre identité financière a été effacée"
, a déclaré le chef du Congrès, Rahul Gandhi, âgé de 53 ans.
"Nous n'avons pas d'argent pour faire campagne, nous ne pouvons pas soutenir nos candidats. Notre capacité à mener le combat électoral a été mise à mal".
Le Congrès avait annoncé mi-février que ses comptes bancaires avaient été gelés par le fisc en raison d'accusations de retards dans ses déclarations de revenus.
Le parti avait indiqué s'être vu réclamer par le fisc 2,1 milliards de roupies (25,3 millions de dollars) dans le cadre d'une enquête sur ses déclarations pour l'exercice 2018-2019.
Pour le Congrès, ces sanctions lui ont été imposées à des fins politiques pour l'empêcher de défier le parti Bharatiya Janata (BJP) de M. Modi.
"La semaine dernière, nous avons reçu un autre avis des autorités fiscales qui remonte à nos déclarations de 1995-96"
, a affirmé M. Gandhi lors d'une conférence de presse à New Delhi.
"Nous n'avons même pas d'argent pour imprimer du matériel de communication".
Lors d'une apparition publique inhabituelle, l'ancienne cheffe du Congrès et mère de Rahul, Sonia Gandhi, 77 ans, a déclaré que les pénalités fiscales faisaient
"partie d'efforts systémiques visant à paralyser"
le parti.
Près d'un milliard d'Indiens voteront pour un nouveau gouvernement lors d'élections qui débuteront le 19 avril et dureront un mois et demi, le plus grand exercice démocratique au monde.
Autrefois force politique dominante de l'Inde, le Congrès a perdu les deux dernières élections nationales, en 2014 et 2019, face au BJP. Il concourt aux prochaines élections au sein d'une alliance disparate.
Les défenseurs des droits accusent le gouvernement d'instrumentaliser la justice à des fins politiques.
La principale agence indienne d'enquête financière (Enforcement Directorate) a ouvert des enquêtes visant des ministres en chef ou leur famille dans cinq États, tous issus de partis d'opposition.
M. Gandhi a accusé
"les institutions censées protéger le cadre de la démocratie"
, en particulier la Commission électorale, de ne pas s'exprimer.
"Il n'y a pas de démocratie en Inde aujourd'hui"
, a-t-il affirmé.
Selon le président du Congrès, Mallikarjun Kharge, 81 ans, le manque de fonds a rendu le parti
à l'approche des élections et
"les règles du jeu ne sont pas équitables".
Les dernières informations financières communiquées à la Commission électorale montrent des fonds du BJP près de 10 fois supérieurs à ceux du Congrès.
Le fossé s'est creusé depuis que le gouvernement de M. Modi a introduit en 2017 un système de financement anonyme des partis par le biais d'"obligations électorales" achetées auprès de la State Bank of India (SBI).
Ce système a toutefois été été déclaré anticonstitutionnel en février par la Cour suprême qui a ordonné la publication de la liste des donateurs, du montant des dons et leurs bénéficiaires.
Le BJP en est de loin le plus grand récipiendaire, avec 730 millions de dollars, soit environ 47% du total des dons encaissés depuis avril 2019. Le Congrès a bénéficié d'environ 171 millions de dollars sur la même période.
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