Les combats font rage depuis des semaines autour de Loikaw, située dans l'est de l'État de Kayah, où des milliers d'habitants ont fui les bombardements aériens et d'artillerie et les combats urbains.
La junte, au pouvoir depuis le coup d'Etat de février 2021, est encore sonnée depuis l'offensive d'insurgés de minorités ethniques le long de la frontière nord avec la Chine, qui ont pris plusieurs villes et contrôlent des routes commerciales cruciales.
Les
"Forces de défense du peuple"
(FDP) pro-démocratie dans l'État de Kayah tentent d'en tirer profit et ont lancé le mois dernier une offensive pour s'emparer de sa capitale de 50.000 habitants.
Dans Loikaw, des maisons, des commerces et des positions fortifiées avec des sacs de sable ont été abandonnés. Les rues ont été dévastées par des bombardements. Certaines habitations ont été endommagées par des tirs d'artillerie, selon des images obtenues par l'AFP.
Le silence régnait dans la ville au début de la semaine, seulement brisé par l'éclat de tirs d'artillerie sporadiques. Une route conduisant à Loikaw est contrôlée par les groupes FDP qui ont mené l'assaut.
"Pour le moment, l'armée est sur la défensive", souligne Lin Lin, dirigant local du FDP. "Nos soldats sont originaires de Loikaw et c'est le principal facteur de notre motivation. Nous faisons tous de notre mieux dans l'espoir de rentrer chez nous".
Son contingent, composé d'une dizaine de jeunes hommes, fumant des cigarettes et des cigares birmans, vérifient leurs téléphones et leurs fusils avant un discours d'encouragement de leur chef pour leur mission.
Enfin, ils grimpent dans une camionnette cabossée qui les conduit à travers les rues désertes en direction de positions où ils vont affronter des troupes de la junte.
L'armée est recluse dans le poste de police et d'autres bâtiments de Loikaw, a déclaré vendredi Khun Bedu, président de la Force de défense des nationalités karenni (KNDF), un autre groupe d'insurgés.
Ses troupes terrestres étant immobilisées, l'armée comptait sur ses frappes aériennes et d'artillerie, poursuit-il. L'armée
"a appelé à des frappes aériennes contre nous dans de nombreux endroits de la ville la nuit dernière"
, ajoute-t-il, mais:
Nous continuerons à nous battre.
La KNDF a publié il y a deux semaines des images de ses combattants acceptant la reddition des troupes de la junte réfugiées dans l'université de la ville.
Le groupe karenni et ses alliés ont vainement tenté, à plusieurs reprises, de s'emparer de la prison principale de Loikaw, selon la KNDF et l'armée. Le chef de la junte Min Aung Hlaing a admis mercredi que l'assaut contre Loikaw, qui a duré plusieurs semaines, témoignait d'une "force excessive" tout en maintenant que la région de Loikaw était
L'assaut contre Loikaw a été galvanisé par l'offensive lancée fin octobre par une alliance d'insurgés de minorités ethniques dans le nord de l'État de Shan, près de la frontière chinoise.
L'Armée d'Arakan (AA), l'Armée de l'Alliance démocratique nationale de Birmanie (MNDAA) et l'Armée de libération nationale de Ta'ang (TNLA) se sont depuis emparées de dizaines d'avant-postes militaires.
Les Nations unies affirment que plus de 280.000 personnes ont été déplacées à travers la Birmanie, en raison des récents affrontements. Environ 70% de la population de Loikaw a fui ces dernières semaines, selon les FDP, qui accuse l'armée d'avoir bloqué les routes et tenté d'empêcher les civils de fuir.
Les Nations Unies ont évacué la plupart de leur personnel de Loikaw le mois dernier invoquant le
"bombardement aérien de la ville et des combats actifs
" dans ses rues.
Les insurgés pro-démocratie restent déterminés à s’emparer d’une capitale d'État, ce qui constituerait un revers de taille pour la junte assiégée.
"L'armée a perdu de nombreux soldats, elle est actuellement affaiblie"
, affirme Lin Lin,
"nous n'avons peur que de leurs frappes aériennes."