Corée du Sud: le gouvernement lance la procédure pour suspendre 4.900 médecins grévistes

10:2911/03/2024, lundi
AFP
La Corée du Sud a déclaré le 11 mars 2024 qu'elle avait entamé des procédures pour suspendre les licences médicales de 4 900 médecins subalternes qui ont démissionné et ont cessé de travailler pour protester contre les réformes de la formation médicale du gouvernement.
Crédit Photo : Jung Yeon-je / AFP
La Corée du Sud a déclaré le 11 mars 2024 qu'elle avait entamé des procédures pour suspendre les licences médicales de 4 900 médecins subalternes qui ont démissionné et ont cessé de travailler pour protester contre les réformes de la formation médicale du gouvernement.

Le gouvernement sud-coréen a annoncé lundi avoir lancé la procédure pour suspendre plus de 4.900 médecins internes ayant abandonné leurs postes pour protester contre une réforme des études médicales, un mouvement impopulaire qui a semé le chaos dans les hôpitaux du pays.

Environ 12.000 internes, soit 93% du total, étaient absents de leurs hôpitaux lundi, défiant les mises en demeure du gouvernement pour qu'ils reprennent le travail.


Cette vague de démissions et d'abandons de poste, qui a démarré le 20 février, a provoqué le report de nombreux traitements et opérations chirurgicales, le système hospitalier sud-coréen s'appuyant largement sur les internes, et obligé le gouvernement à mobiliser des médecins militaires à partir de lundi.

Le ministère de la Santé a annoncé lundi qu'il avait commencé à envoyer des notifications administratives aux médecins grévistes, la première étape avant la suspension de leur licence pour trois mois.


"Au 8 mars, celles-ci ont été adressées à plus de 4.900 médecins stagiaires",
a déclaré un haut-responsable du ministère, Chun Byung-wang.

Selon lui, une suspension de trois mois s'accompagne en outre d'un report d'au moins un an de l'obtention, par l'interne sanctionné, de sa qualification de médecin spécialiste.


Il a promis que les médecins qui reprendront le travail immédiatement échapperont à la punition.


"Le gouvernement tiendra compte des circonstances et protégera les médecins stagiaires s'ils reprennent le travail avant la fin de la procédure administrative",
a-t-il déclaré à la presse.

En vertu de la loi sud-coréenne, les médecins sont des travailleurs essentiels qui ne peuvent pas faire grève.


Le gouvernement avait donné aux protestataires jusqu'au 29 février pour reprendre le travail, et ordonné une enquête de police sur la mobilisation. Le siège de l'Association médicale coréenne (KMA), à l'origine du mouvement, a été perquisitionné début mars.


Les grévistes protestent contre un projet visant à augmenter de 65% le nombre d'admis en école de médecine à partir de l'année prochaine, soit environ 2.000 personnes par an. Une mesure que le gouvernement juge indispensable pour faire face à la pénurie de personnel de santé et au vieillissement de la population en Corée du Sud.


Les médecins, eux, sont farouchement opposés au projet, estimant qu'admettre plus d'étudiants dans les facultés de médecine se traduira par une baisse du niveau des futurs praticiens, et que la qualité des soins s'en ressentira.

Mais les partisans de la réforme les accusent d'être surtout inquiets de voir leurs revenus diminuer et leur statut social se dégrader si la concurrence s'accroît.


Selon un récent sondage de l'institut Gallup sud-coréen, plus de 75% des personnes interrogées sont en faveur de la réforme, dans un pays où l'accès aux soins est souvent difficile en zone rurale.

"Le gouvernement ne renoncera pas au dialogue",
a ajouté M. Chun, le responsable du ministère de la Santé.
"Le gouvernement respectera et écoutera les opinions de la communauté médicale pour accompagner les réformes médicales".

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé des mesures visant à améliorer la rémunération et les conditions de travail des internes, ainsi qu'une révision de la période de travail continue de 36 heures, un des principaux sujets de mécontentement des médecins en formation.


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