Céréales: Paris et Berlin opposés à la prolongation des restrictions dans l'UE

14:4125/07/2023, mardi
MAJ: 25/07/2023, mardi
AFP
Le ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau (G) et 
le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir (D). Crédit photo: Twitter / TOBIAS SCHWARZ / AFP
Le ministre français de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau (G) et le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir (D). Crédit photo: Twitter / TOBIAS SCHWARZ / AFP

La France et l'Allemagne se sont opposées mardi à une possible prolongation des restrictions imposées depuis avril par cinq pays de l'Est sur les importations de céréales ukrainiennes, dont l'UE cherche à garantir le transit vers le reste du monde.

La Commission européenne avait autorisé fin avril cinq États membres voisins de l'Ukraine (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie) à interdire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens sur leur territoire, à condition qu'ils n'empêchent pas le transit vers d'autres pays.


Destinées à amortir l'impact sur les marchés locaux de l'afflux massif des produits agricoles ukrainiens, ces restrictions
"temporaires"
doivent prendre fin mi-septembre, mais les cinq États ont réclamé la semaine dernière leur prolongation jusqu'à la fin de l'année.

"Soit la Commission accepte de préparer (...) des réglementations pour prolonger cette interdiction, soit nous le ferons nous-mêmes"
, avait insisté le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, disant défendre les agriculteurs de son pays.

Jugée
"inacceptable"
par Kiev, l'éventualité d'une prolongation est déjà farouchement critiquée par plusieurs des Vingt-Sept, dont la moitié s'était opposée au printemps à ces restrictions accordées aux 5 pays, dénonçant des distorsions au sein du marché commun.


"La Commission doit maintenant dire clairement que ce n'est pas possible. Ces mesures sont limitées dans le temps, il est inacceptable que certains États membres passent outre les traités en vigueur"
, s'est indigné le ministre allemand de l'Agriculture Cem Özdemir, avant une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l'UE.

"Nous sommes solidaires de la Pologne: nous sommes prêts à l'aider financièrement, nous disposons pour cela de mécanismes d'aide appropriés. Ce qui est inacceptable, c'est qu'on résolve des problèmes électoraux sur le dos de l'Ukraine"
, a-t-il martelé, en référence aux élections polonaises de fin 2023.

Les cinq pays riverains de l'Ukraine se sont déjà vus allouer 156 millions d'euros d'aide tirée de la réserve de crise agricole de l'UE.

"Il ne peut y avoir de mesures unilatérales, ni d'aventure individuelle, ce n'est que collectivement qu'on fera face au défi d'une déstabilisation des marchés (...) Ça ne peut pas être décidé seul parce que sinon, il y a un report (des céréales) sur les autres pays"
, a abondé le ministre français Marc Fesneau.

S'il a reconnu des perturbations y compris sur les marchés français des oeufs ou de la volaille, il plaide pour une
"discussion collective"
.

"La Commission doit clarifier quelle est la situation réelle dans ces pays"
, a observé le ministre espagnol Luis Planas.

Après le récent retrait de la Russie d'un accord pour exporter les céréales ukrainiennes via la mer Noire, l'UE cherche à muscler les capacités logistiques de ses corridors terrestres et fluviaux permettant d'acheminer ces grains à travers l'Europe.


À lire également:




#Union Européenne
#UE
#Paris
#Berlin
#Céréales ukrainiennes
#Accord céréalier
#Exportation
#Agriculture
#Commerce