Burkina Faso: le Président de la Transition donne des précisions sur l'expulsion récente de trois diplomates français

18:0427/04/2024, samedi
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Le chef de la junte du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traore, assistant au défilé de la Journée de la marine à Saint-Pétersbourg, le 30 juillet 2023.
Le chef de la junte du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traore, assistant au défilé de la Journée de la marine à Saint-Pétersbourg, le 30 juillet 2023.

Le président de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a expliqué, vendredi soir, dans une interview accordée à la télévision publique (RTB), les raisons de l'expulsion le 18 avril courant de trois diplomates français en poste à Ouagadougou pour "activités subversives", dans un contexte de relations diplomatiques particulièrement tendues entre Ouagadougou et Paris.

Le 18 avril 2024, trois diplomates français, dont deux conseillers politiques en poste à l'ambassade de France à Ouagadougou, ont été déclarés personae non gratae
"pour activités subversives"
et sommés de quitter le territoire burkinabè.

La France avait regretté cette décision dans un communiqué, en ces termes :


Nous rejetons les accusations infondées portées par les autorités burkinabè à l'encontre de nos agents.

"Le travail de ces diplomates et des personnels de notre ambassade à Ouagadougou, dont la France salue l'engagement et le grand professionnalisme, s'inscrit pleinement dans le cadre des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires",
a-t-elle indiqué soulignant que la décision des autorités burkinabè
"ne repose sur aucun fondement légitime".

Dans un entretien accordé le 26 avril 2024 à la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), le capitaine burkinabè Ibrahim Traoré a fournis des éléments d'explication.


"Quand on dit activités subversives ; les gens sont très malins et très intelligents dans leurs manœuvres. Aujourd'hui, ils ont beaucoup de plans pour déstabiliser le Burkina Faso. Il y a l'élimination physique, il y a la manipulation d'une frange armée, il y a aussi à travers les médias, la diplomatie des pays (…)"
, a-t-il mentionné, appelant les populations à faire attention.

"Certaines organisations sont ici (au Burkina Faso) et se font financer par certains pays pour fournir des rapports",
a-t-il ajouté, précisant que les détracteurs du Burkina Faso sont en train de chercher à capter des alliés dans plusieurs secteurs à l'intérieur du pays.

"Ils sont entrain de pénétrer dans le monde de la culture à travers certains artistes. On les suit. Ils sont en train de pénétrer dans le monde des médias. Il y a beaucoup d'activités subversives qui se passent. On n'est pas dupe, il faut que les gens arrêtent. Vouloir manipuler le peuple pour le retourner (contre les autorités), il faut qu'ils arrêtent. Ça sera difficile et, nous, nous n'avons pas la langue dans nos poches. A un moment donné on va expliquer à la population",
a-t-il indiqué.

Lutte contre la recolonisation


Traoré a également réagi à une sortie médiatique du général François Lecointre, ancien chef d'état-major des armées françaises, qui avait exprimé récemment sa préoccupation sur l'avenir de l'engagement européen en Afrique, dans une interview accordée au journal Le Figaro, en ces termes :


L'Europe aura l'obligation de retourner en Afrique pour aider à la restauration de l'État et au retour des administrations et du développement (…).

Pour Traoré à travers cette déclaration,
"Ils (les européens) préparent la mentalité de leur peuple au cas où ils venaient physiquement ici pour combattre. (…) Ils ne sont pas d'accord qu'on se décolonise. Ils veulent nous recoloniser".

"Le terrorisme est là. Ils savent que nous allons vaincre le terrorisme. Donc, ils se disent maintenant que - si jamais ils (les burkinabé) arrivent à vaincre le terrorisme-, il faut qu'ils se préparent pour venir physiquement nous recoloniser. Parce qu'ils ne sont pas d'accord qu'on soit décolonisés. Parce que c'est leurs intérêts. C'est à travers nous qu'ils vivent. (…) C'est du mensonge qu'ils racontent. Nous aussi on se prépare en conséquence",
a-t-il dit.

Depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, les relations diplomatiques entre Paris et Ouagadougou n'ont cessé de se dégrader.


Le Burkina Faso a mis fin à plusieurs accords qui le liaient à la France - l'ex puissance coloniale - tout en diversifiant ses partenaires stratégiques dans plusieurs domaines.


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