Ce dernier a loué le travail effectué par les médias internationaux, dont Anadolu (AA), qui rendent compte des attaques israéliennes contre Gaza.
Hatim Bazian, professeur au département d'études ethniques de la faculté des arts et des sciences de l'université de Californie à Berkeley, a répondu aux questions d'un journaliste d'Anadolu sur le rôle des médias dans la guerre de Gaza, à l'issue d'une conférence à laquelle il a participé à Chicago, aux États-Unis.
"Les journalistes sont littéralement les témoins vivants du génocide. Grâce à eux, nous disposerons de millions de documents sur ce génocide en cours, enregistrés minute après minute, seconde après seconde. Des documents qui montrent les destructions et la façon dont les gens sont tués. Pour la première fois dans l'histoire, chaque moment d'un génocide en cours est documenté",
a-t-il indiqué.
Pour Hatem Bazian, le travail de documentation produit par les organisations et les journalistes à Gaza, ainsi que l'influence des médias sociaux, ont réussi à contrer la couverture biaisée et partiale des médias occidentaux.
Il a déploré la diffusion par les médias américains, après le passage par le filtre de la censure, le récit israélien dans la couverture des événements en Palestine.
Bazian préside également l'American Muslims for Palestine, l'une des plus importantes organisations musulmanes de la société civile aux Etats-Unis.
"En dépit de la censure et des restrictions imposées aux contenus pro-palestiniens sur les médias sociaux, les nouvelles en provenance de Gaza brisent massivement le cercle vicieux des médias grand public"
, a-t-il relaté avant d'ajouter :
"Les gens ont commencé à publier des messages à une échelle sans précédent parce qu'ils avaient besoin de faire quelque chose. Une étude sur l'empreinte médiatique de Gaza a montré que les messages pro-israéliens ont atteint 440 millions d'interactions, tandis que les messages pro-palestiniens en ont atteint 25 milliards, soit un rapport de 50/50. Cela a influencé le public et les gens ont commencé à considérer les médias sociaux comme un moyen d'avoir un impact".
Hatem Bazian a déclaré que cet impact sur les réseaux sociaux a exercé une pression sur l'administration américaine ainsi que sur le monde entier, obligeant les politiciens à modifier leurs politiques et leurs discours.
Lors de la plus grande convention d'ONG musulmanes aux États-Unis, organisée deux fois par an par la Muslim American Society (MAS) et l'Islamic Circle of North America (ICNA), Bazian, qui a également fait des discours sur l'importance des réseaux sociaux pour faire entendre la voix des Palestiniens dans le monde, a fait quelques suggestions à son auditoire sur l'utilisation des médias sociaux.
Rappelant les pièges tendus par les médias sociaux en termes de sources et d'informations fiables, Bazian, universitaire américain d'origine palestinienne, a attiré l'attention sur l'importance d'avoir accès à des sources d'information fiables.
"Les messages publiés sur les réseaux sociaux d'organisations et d'institutions considérées comme des organisations terroristes aux États-Unis risquent des poursuites judiciaires en vertu de la loi sur le terrorisme",
a souligné Bazian, suggérant de partager plutôt le contenu des médias sociaux de sources d'information fiables.
"Une image publiée par une organisation peut constituer une infraction pénale, mais partager les informations d'un média crédible relève de la liberté de la presse et vous évitera d'être poursuivi en vertu de la loi sur le terrorisme aux États-Unis",
a-t-il expliqué.
Rappelant qu'il en va de même pour la suspension des comptes sociaux, Bazian a suggérer de prendre le temps d'analyser avant de réagir avec émotion.
"N'adoptez pas un discours qui marginalise les Palestiniens, les traite comme des non-humains et les humilie, et ne répondez pas avec des descriptions similaires ciblant les Israéliens et les Juifs",
a-t-il conseillé.
Selon Bazian, les Palestiniens ne doivent pas transiger sur certains principes et valeurs éthiques, même s'ils sont confrontés à un génocide.
"Les vrais héros de ce processus sont les journalistes"
Rappelant les pertes subies par Anadolu et d'autres organismes de presse à Gaza en raison des bombardements israéliens, Bazian a poursuivi :
"Les journalistes de Gaza ne sont pas seulement des témoins de l'histoire, ils écrivent l'histoire au prix de leur vie. C'est pourquoi, à mon avis, les journalistes qui documentent ce génocide en cours sont les véritables héros de ce processus".
"Il est admirable que les journalistes continuent à remplir leurs fonctions même lorsqu'ils savent qu'eux-mêmes et leurs familles sont pris pour cible",
a-t-il souligné, rappelant que 103 journalistes ont été tués dans les bombardements israéliens.
"Israël prend délibérément pour cible les journalistes et leurs familles afin d'empêcher la diffusion de la vérité, et son objectif est d'empêcher la diffusion de la vérité",
a-t-il conclu.