Une récente opération de l'Organisation nationale du renseignement de la Türkiye (MIT) a permis de démanteler un réseau d'espionnage lié à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française. Cette révélation intervient dans un contexte tendu où la Türkiye est confrontée à des menaces multiples d'espionnage, provenant notamment d'Israël, d'Iran et de Russie.
Le réseau aurait été en relation avec une organisation à but non lucratif basée à Paris, le Collectif des Amis d’Alep. Les suspects auraient été introduits à cette organisation par les services de renseignement français, qui leur auraient également assuré l'obtention de l'asile en France.
L'unité de contre-espionnage et la branche d'Istanbul du MIT surveillaient le réseau depuis des mois avant que la police d'Istanbul ne lance récemment une opération pour appréhender les suspects.
Les trois ressortissants syriens sont accusés de contrefaçon de documents contenant des informations diffamatoires sur la Türkiye et de fournir des informations aux services de renseignement étrangers sur les politiques migratoires turques.
Outre la fourniture de fausses informations, les suspects auraient tenté de contacter des partis politiques turcs et des médias étrangers pour diffuser de fausses nouvelles visant à discréditer le gouvernement turc. Ils auraient également cherché à recueillir des informations personnelles sur des étrangers résidant en Türkiye.
Parmi les fausses informations que le réseau Katie a fourni à des médias étrangers, on trouve les allégations selon lesquelles des Syriens auraient été massacrés par les troupes turques à la frontière turco-syrienne et affirmant que les troupes frontalières auraient jeté 55 migrants dans la rivière Meriç (Evros) entre la Türkiye et la Grèce.
Katie est également accusé d'avoir obtenu des données personnelles sur des étrangers résidant en Türkiye. Il échangeait des renseignements via un groupe WhatsApp qu'il avait formé avec un contact de l'ONG française.
Ahmet Katie a ainsi demandé l'asile pour lui-même et sa famille au Consulat français à Istanbul. Les services de renseignement français lui ont demandé de mener des activités d'espionnage militaire et politique visant la Türkiye en échange de l'asile. Katie a accepté l'offre et a commencé à compiler des données sur les réfugiés syriens et les politiques migratoires turques.
Le recrutement présumé de ressortissants syriens par le renseignement français soulève des questions sur les méthodes de recrutement et les motivations derrière de telles pratiques. Cette affaire met en lumière une stratégie de recrutement troublante et bien connue en France, puisqu'elle est utilisée également par les services du renseignement intérieur qui promettent régulièrement des renouvellements de titre de séjour à leurs "recrues" sur le sol français.
La découverte de ce réseau d'espionnage met également en lumière les défis croissants auxquels est confrontée la Türkiye en matière de sécurité. Avec l'instabilité persistante dans la région et les rivalités géopolitiques entre les puissances régionales et mondiales, la Türkiye en tant que pivot géopolitique entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie, est dans la nécessité de lutter contre l'installation de réseaux d'espionnages émanant de différents pays.
Des opérations ont également conduit à la découverte d'un complot d'agents de renseignement iraniens visant à kidnapper des dissidents iraniens réfugiés sur le sol turc.
Plus récemment, un grand nombre de suspects travaillant pour le Mossad israélien et espionnant des Palestiniens et d'autres personnes en Türkiye ont été appréhendés après les opérations du MIT. Le Mossad aurait recruté des Palestiniens et des Syriens dans le cadre d'une opération contre les étrangers vivant en Türkiye.
Pas plus tard que cette semaine, c'est un réseau chinois chargé d'espionner les Ouïgours réfugiés en Türkiye qui a été démantelé.