RDC: recours accru aux "armes explosives dans les zones peuplées" par l'armée et le M23, selon Amnesty

09:5220/01/2025, lundi
AFP
Un soldat des FARDC (Forces armées de la RDC) pose pour une photo dans une base militaire à Lusogha, près de la ligne de front et à une douzaine de km au sud de Kanyabayonga, province du Nord-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo, le 14 mai 2024.
Crédit Photo : ALEXIS HUGUET / AFP
Un soldat des FARDC (Forces armées de la RDC) pose pour une photo dans une base militaire à Lusogha, près de la ligne de front et à une douzaine de km au sud de Kanyabayonga, province du Nord-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo, le 14 mai 2024.

Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et l'armée congolaise ont intensifié leur recours aux "armes explosives dans les zones peuplées" de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) au premier semestre 2024, selon une enquête d'Amnesty International publiée lundi.

Le M23 ("Mouvement du 23 mars"), épaulé par le Rwanda et accompagné de 3.000 à 4.000 soldats rwandais, s’est emparé, depuis sa résurgence fin 2021, de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC, une région riche en ressources naturelles et déchirée par des conflits depuis 30 ans.


L’armée congolaise, déterminée à reprendre les territoires perdus, mène actuellement des contre-offensives appuyées par des "wazalendo", terme swahili signifiant
"patriotes"
et désignant une nébuleuse de milices locales pro-Kinshasa.

Entre janvier et juillet 2024,
"des armes explosives imprécises à large rayon d’impact ont été utilisées dans des zones densément peuplées plus de 150 fois (...), faisant plus de 100 morts"
et des centaines de blessés parmi les civils, rapporte Amnesty International.

La Cour pénale internationale (CPI), qui a annoncé l’an dernier la reprise de ses enquêtes sur la situation dans l’est de la RDC,
"doit envisager d’enquêter sur ces attaques en tant que crimes de guerre"
, en vue de traduire en justice les responsables, quels qu’ils soient, insiste l’ONG.

Ces dernières semaines, les affrontements se sont intensifiés, touchant désormais la province voisine du Sud-Kivu. Le M23 a pris samedi soir le contrôle de la cité minière de Lumbishi, située dans le territoire de Kalehe.


Amnesty International précise que les autorités congolaises et les dirigeants du M23 n’ont pas répondu aux conclusions préliminaires de son enquête, partagées en décembre dernier.


Dans les témoignages publiés, des proches de victimes décrivent des
"scènes apocalyptiques"
à la suite des explosions.

Le 25 janvier 2024, à Mweso, dans le Nord-Kivu, un tir d’artillerie provenant probablement des Forces armées de la RDC (FARDC) a détruit une maison du quartier de Bukama, causant
"au moins 19 morts et 25 blessés, dont 15 enfants, selon des sources médicales",
indique Amnesty International.

L’ONG affirme n’avoir trouvé
"aucune preuve de l’existence de cibles militaires à l’intérieur ou à proximité de la zone d’impact".
Des responsables militaires congolais auraient reconnu
"une bavure".

Le 4 mars 2024, une munition a frappé une colonne de civils fuyant à pied la ville de Nyanzale, attaquée par le M23, causant au moins 17 morts et une dizaine de blessés, selon des témoins et des sources médicales cités dans l’enquête.

Le 3 mai 2024, près de Goma, des tirs de roquette, probablement du M23 en riposte à une attaque de l’armée congolaise, ont coûté la vie à quatre filles d’Angèle, âgées de 6 à 15 ans, en l’espace de quelques secondes.
"L’explosion a réduit mes enfants à des débris et des corps déchiquetés",
témoigne-t-elle dans le rapport.

Un autre témoin, ayant perdu sa femme dans une attaque similaire, déplore que les affrontements aient lieu si près des camps de personnes déplacées :
"Nous avons fui nos villages dans l’espoir de trouver un peu de sécurité. Ici, nous n’avons rien à part nos enfants. Mais ils nous pourchassent jusqu’ici et tuent nos enfants. Le M23 nous tue, le gouvernement nous tue, qu’avons-nous fait pour mériter cela ?"

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