L’accord d’Union douanière (UD) en vigueur depuis le 1er janvier 1996 constitue toujours la base contractuelle la plus importante des relations économiques entre la Türkiye et l’Union européenne (UE). L’UE est le principal partenaire commercial de la Türkiye, représentant près de la moitié de son volume total d’échanges commerciaux, et elle est également la principale source d’investissements étrangers directs dans le pays. Cependant, il est évident que les relations économiques actuelles ne reflètent pas pleinement le potentiel mutuel attendu.
Depuis le début des années 2020, l’UE à 27 États membres n’a pas encore atteint le niveau de performance économique souhaité en raison de la pandémie de Covid-19 et de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. La pandémie a gravement affecté l’UE, tout comme le reste du monde. Les pays membres de l’UE, en particulier ceux du Nord, comme l’Allemagne et la France, considérés comme les moteurs économiques de l’Union, ont dû faire face à des défis majeurs pour lutter contre la pandémie et protéger leur population vieillissante. Ces efforts ont engendré des pertes humaines et financières considérables, sans pour autant empêcher un lourd impact économique. Les perturbations qui en ont résulté dans le système de santé sont encore loin d’être complètement résolues.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine, survenue immédiatement après, a porté un second coup dur à une économie européenne en quête de redressement. Les répercussions économiques de cette guerre sont bien plus graves et multidimensionnelles que celles de la pandémie. Les restrictions et sanctions imposées à la Russie, combinées aux défis liés à l’approvisionnement énergétique, ont particulièrement affecté l’économie allemande et son secteur industriel. Depuis 2023, de nombreuses entreprises en Allemagne et dans l’UE ont déclaré faillite, tandis que la production industrielle a diminué et les coûts ont augmenté, entraînant une récession économique généralisée. Le volume des échanges commerciaux extérieurs de l’UE, en particulier les exportations, a également reculé. L’Allemagne, moteur économique de l’Union, n’a pas encore trouvé de solution efficace à cette impasse.
En dépit du plan de subventions de 730 milliards d’euros lancé en 2023 par l’UE pour relancer l’économie, la production industrielle et la croissance, les résultats escomptés n’ont pas été atteints. Selon les statistiques publiées le 15 janvier par Destatis, l’économie allemande, qui représente près de 60 % de celle de l’UE, a enregistré une contraction de 0,2 % du PIB. Alors que les projections prévoyaient une croissance d’au moins 3,3 à 5 %, l’Allemagne a continué de reculer en 2024, avec une baisse supplémentaire de 0,1 % au dernier trimestre par rapport à 2023.
Bien que ces régressions puissent être partiellement expliquées par les conséquences du Covid-19 et de la guerre en Ukraine, les restrictions sur le gaz naturel russe et les hausses des coûts énergétiques ont profondément impacté la production et les exportations de l’UE. Par ailleurs, la montée en puissance de la Chine sur les marchés internationaux, notamment dans le secteur des véhicules électriques, a accentué les difficultés économiques de l’Union.
Pour contrer cette domination chinoise, l’UE et l’Allemagne doivent revitaliser leur production industrielle et réduire leurs coûts afin de pouvoir rivaliser même sur leurs propres marchés. Cette tâche dépasse les simples mesures protectionnistes ou guerres commerciales, nécessitant un renouvellement technologique et des investissements massifs dans des lignes de production modernes.
À ce stade, renforcer les relations économiques avec la Türkiye, au-delà de l’accord d’Union douanière, s’avère crucial pour l’UE. La Türkiye, avec sa main-d’œuvre qualifiée et compétitive, représente une opportunité unique pour mettre en œuvre rapidement et efficacement les réformes nécessaires. Bien que les coûts salariaux aient augmenté en Türkiye, ils restent plus avantageux que ceux de l’UE et offrent une alternative crédible face aux pressions concurrentielles de la Chine.
Cependant, les politiques de visas restrictives de l’UE limitent actuellement cette coopération. La mise en place d’un mécanisme de visas techniques simplifiés, basé sur des projets et des contrats spécifiques, permettrait à l’UE de bénéficier de l’expertise des ingénieurs turcs et du savoir-faire des entreprises turques dans les domaines de l’ingénierie et de la construction industrielle.
À titre d’exemple, au début des années 1990, lors de la réunification allemande, le secteur de la construction turc avait joué un rôle déterminant en livrant rapidement les 360 000 logements promis aux soldats russes qui quittaient l’Allemagne de l’Est. Aujourd’hui, l’UE pourrait de nouveau s’appuyer sur les capacités avancées de la Türkiye pour renouveler ses infrastructures technologiques et industrielles.
Un partenariat stratégique, renforcé par des mécanismes tels qu’un "visa technique simplifié", apporterait des avantages significatifs aux deux parties, en renforçant la coopération économique et en offrant à l’UE un levier pour améliorer sa compétitivité face à des géants comme la Chine et les États-Unis.
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