Népal: Les projets d'infrastructures menacent la faune

18:099/05/2024, jeudi
AFP
Barrage de Koshi, dans le district de Sunsari, à environ 250 kilomètres de la capitale népalaise, Katmandou.
Crédit Photo : PRAKASH MATHEMA / AFP
Barrage de Koshi, dans le district de Sunsari, à environ 250 kilomètres de la capitale népalaise, Katmandou.

Les défenseurs de l'environnement népalais ont condamné jeudi de nouvelles réglementations autorisant les projets hydroélectriques et hôteliers au sein de réserves naturelles protégées, et qui, selon eux, menacent l'habitat des tigres et d'autres animaux en voie de disparition.

Un cinquième du territoire népalais a été décrété zone protégée, y interdisant les projets d'infrastructures susceptibles d'avoir un impact négatif sur l'environnement.


Pourtant, le mois dernier, le gouvernement a adopté une ordonnance s'autorisant à approuver des projets d'infrastructures dans les parcs nationaux, les forêts et autres zones de conservation.


"Le nombre de tigres et de rhinocéros à une corne dans le pays a augmenté grâce à ces zones protégées car ils ont trouvé un environnement favorable"
, a déclaré Rampreet Yadav, défenseur de la faune sauvage et ancien conservateur du parc national de Chitwan, la plus importante zone de conservation du pays.

"Cette décision autorisant la construction d'infrastructures aura sûrement un impact sur leur habitat"
, a-t-il souligné.

Selon M. Yadav, la décision du gouvernement est motivée par
"les intérêts réservés aux dirigeants politiques"
.

Le Népal a été salué dans le monde entier pour sa lutte en faveur de la conservation de sa faune, notamment contre le braconnage, ayant permis de sauver plusieurs espèces animales localement en voie d'extinction.

Mais le porte-parole du ministère de l'Environnement, Badri Raj Dhungana, a argué que les nouvelles réglementations avaient été introduites pour établir un équilibre entre la protection de l'environnement et le développement.


Les infrastructures
"ne seront pas construites dans des zones très sensibles. Il nous faudra un plan de travail avec une cartographie appropriée"
, a-t-il affirmé.

Pour Padma Bahadur Shrestha, avocat spécialiste des litiges environnementaux, cette décision prouve que le gouvernement est déterminé à mettre de côté les préoccupations écologiques pour sa course au développement.


"Il veut détruire la biodiversité du Népal pour construire de nouvelles infrastructures"
, a-t-il déclaré.

Les lois népalaises sur les habitats protégés ont permis à la population locale de tigres de quasiment tripler, passant de 121 individus en 2010 à 355 en 2023, tandis que la centaine de rhinocéros à une corne qui restait dans les années 60 a été multipliée par sept pour atteindre 752 individus en 2021.

Le pays a également presque doublé sa couverture forestière entre 1992 et 2016 après les ravages d'une exploitation forestière effrénée.


Le Népal souhaite développer davantage son industrie hydroélectrique, la construction de multiples barrages depuis le début du siècle lui ayant permis une capacité installée de plus de 2 600 mégawatts.


En janvier, il a signé un accord avec l'Inde pour exporter 10 000 mégawatts d'hydroélectricité au cours de la prochaine décennie vers son voisin en forte demande d'énergie.

Le tourisme est également une source de revenus majeure pour le Népal, qui a accueilli un million de visiteurs étrangers l'année dernière, soit un gros rebond post-pandémie. Des investissements hôteliers et aéroportuaires sont en préparation pour développer davantage ce secteur.


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