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Hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 15 juillet 2024.
La nouvelle Commission européenne devra faire face à des défis climatiques de taille, notamment l'application du Green Deal et l'objectif de neutralité climatique en 2050.
Quelle place pour le climat dans la nouvelle Commission européenne, dont la composition sera annoncée la semaine prochaine ? En quelques années, l'atmosphère politique a profondément changé à Bruxelles, et les grandes ambitions environnementales ne figurent plus en haut des discours.
Le contraste entre 2019 et 2024 est saisissant.
Il y a cinq ans, les Verts ont réalisé une percée au Parlement européen avec plus de 70 élus, portés par une campagne marquée par les marches des jeunes pour le climat. En juin, les écologistes ont perdu une vingtaine d'eurodéputés, et la principale leçon du scrutin est la poussée de l'extrême droite, qui lutte régulièrement contre l'écologie
Pour Luke Haywood, de l'European Environmental Bureau, une fédération d'ONG, le risque est clairement identifié: un retour au
, reléguant au second plan les ambitions climatiques des Vingt-Sept.
Au cours du mandat écoulé, la Commission - l'organe exécutif des institutions européennes - est parvenue à faire adopter au Parlement un ambitieux "Green Deal", incarné par l'ancien commissaire européen néerlandais Frans Timmermans, avec des mesures marquantes comme l'interdiction à la vente de voitures thermiques neuves en 2035.
Qui sera chargé de mettre en œuvre ce Pacte vert ?
Le profil de la socialiste espagnole Teresa Ribera plaît aux ONG, mais ses positions antinucléaires ne sont pas du goût de certains États membres. La répartition probable des dossiers environnementaux entre plusieurs portefeuilles, liés à l'économie et à la décarbonation de l'industrie, sera scrutée avec attention.
"Le climat doit être très présent dans les portefeuilles de la Commission"
, estime Luke Haywood.
L'Union européenne s'est fixé pour objectif d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. L'un des premiers dossiers de la nouvelle Commission sera de négocier l'objectif 2040, pour lequel elle recommande une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.
À droite, le PPE regarde ce chiffre avec circonspection. La baisse de 90 % des émissions d'ici 2040 est
"extrêmement ambitieuse". "Nous devons discuter avec les parties prenantes pour voir si c'est réalisable"
, a déjà prévenu l'eurodéputé Peter Liese.
Plutôt qu'une écologie
la droite plaide pour un rééquilibrage et davantage de
À la tête de la Commission, Ursula von der Leyen assure maintenir un
sur
"l'objectif de neutralité climatique"
pour 2050, mais de manière
"ouverte aux technologies, avec des investissements et des innovations".
Chez les centristes de Renew, on défend une
"ligne claire" : "On ne remet pas en cause le Green Deal". "Nous serons vigilants sur le fait de ne pas détricoter et sur la nécessité de dégager les investissements nécessaires"
, promet la cheffe de groupe Valérie Hayer.
Après les grands objectifs du précédent mandat, l'heure est à leur délicate mise en œuvre sur le terrain, et aux inévitables bras de fer avec les lobbies.
"Ce qu'ils appellent (à la Commission) la mise en application, ça veut dire la pause ou des retours en arrière"
, accuse déjà Manon Aubry, présidente du groupe de la gauche radicale.
"Ça va être un détricotage en règle. Dans la dernière année, on a au mieux limité les dégâts"
, estime-t-elle, avec une série de concessions accordées aux agriculteurs sur les règles environnementales, en pleine colère du secteur.
De nombreux dossiers liés au climat attendent la nouvelle Commission. Outre l'objectif 2040, plusieurs législations déjà votées comprennent des clauses de révision, et une nouvelle politique agricole commune doit être négociée pour 2028-2034.
L'Union européenne fait également face aux pressions de pays comme les États-Unis et le Brésil, opposés à la nouvelle réglementation contre la déforestation. Rio vient de dénoncer une loi
et menaçante pour ses exportations, appelant l'UE à reporter l'entrée en vigueur du texte, prévue fin décembre.
Un autre enjeu essentiel pour la nouvelle Commission sera la mise en œuvre concrète du
des grandes entreprises, susceptibles d'écoper d'amendes si elles ne respectent pas les nouvelles règles en matière de respect de l'environnement et des droits humains.
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