Au coeur de la bibliothèque Khalidi à Jérusalem-Est, partie de la ville occupée par Israël, Rami Salameh se consacre avec minutie à la restauration de documents historiques palestiniens, qui offrent un rare aperçu de l'histoire de la ville.
Lorsqu'il constate qu'il n'est pas nécessaire de traiter le document bicentenaire qu'il tient entre ses mains pour une décoloration due à l'oxydation au fil des ans, M. Salameh laisse échapper un soupir de soulagement.
La majeure partie provient de la bibliothèque Khalidi, qui possède la plus grande collection de manuscrits arabes et islamiques des territoires palestiniens.
La librairie a été fondée en 1900 par Raghib al-Khalidi, un notable palestinien qui a étudié à la Sorbonne à Paris, à la demande de sa mère défunte, Khadija. Elle est située à l'entrée du complexe de la mosquée Al-Aqsa, au coeur de la Vieille ville de Jérusalem.
Depuis le bâtiment principal, surplombant le site juif saint du Mur des Lamentations, des combattants musulmans auraient participé à la libération de Jérusalem des Croisés aux XIIe et XIIIe siècles.
Aperçu de l'histoire de Jérusalem
La collection de la bibliothèque renferme des livres, de la correspondance, des décrets de l'empire ottoman et des mémoires, y compris ceux de l'influente famille Khalidi, offrant ainsi un rare aperçu de la vie passée dans la ville sainte. Le plus ancien des manuscrits remonte au Xe siècle.
Une partie de la bibliothèque a été expropriée par les autorités israéliennes pour y construire une école religieuse juive, déplore le bibliothécaire.
La direction de la bibliothèque s'est engagée dans une longue bataille juridique pour s'opposer à cette décision, mais a perdu le procès et n'a pu empêcher les autorités israéliennes de prendre possession de cette partie de l'établissement.
Khader souligne néanmoins que la situation aurait pu être bien pire si tout le bâtiment avait été saisi, et se réjouit d'avoir reçu le soutien d'intellectuels israéliens qui ont témoigné en sa faveur devant le tribunal.
"Manuscrits délicats"
Depuis cet épisode, la bibliothèque poursuit son engagement à préserver le patrimoine culturel arabe de Jérusalem grâce à son travail de restauration et de numérisation, bénéficiant du soutien d'organisations locales et internationales.
Elle brosse les pages avant de les disposer à plat pour les photographier et les télécharger sur son ordinateur. À ce jour, elle a photographié environ 2,5 millions de pages de manuscrits, journaux, livres rares et autres documents provenant des quatre bibliothèques privées de Jérusalem.
La bibliothèque espère obtenir davantage de fonds pour acquérir des fournitures et des équipements coûteux, comme des boîtes de stockage sans acide, et moderniser l'atelier, trop humide pour travailler avec un papier aussi délicat.
Ce travail, Mme Budeiri le fait par amour pour les livres.