Ni chauffage, ni eau chaude et des pénuries d'électricité: les habitants de Transdniestrie, région séparatiste prorusse de Moldavie, subissent de plein fouet la fin des livraisons de gaz russe, après avoir profité des décennies durant d'approvisionnements quasi-gratuits.
Pour faire face, place au système D: les autorités encouragent la population à ramasser du bois mort pour faire tourner leurs poêles et des industries, aujourd'hui à l'arrêt, pourraient être relancées de nuit pour mieux répartir la consommation énergétique sur la journée.
Svetlana Gazoul, une professeure d'école de 58 ans, vit à Grigoriopol, une ville de quelque 10.000 habitants sur le Dniestr, le fleuve séparant ce territoire, largement russophone, du reste du pays, en majorité roumanophone.
Selon le chef de la diplomatie du territoire autoproclamé, Vitali Ignatev, des morts sont à déplorer du fait d'intoxications au monoxyde de carbone, notamment dans des foyers cherchant à se chauffer au poêle.
Couverture et thé
Svetlana et son mari sont eux sans chauffage depuis une semaine. Impossible d'installer un poêle dans l'appartement, alors ils s'organisent autrement.
Pour le moment, il reste du gaz pour la cuisinière pour faire à manger. Mais les autorités ont prévenu que les réserves suffisent pour à peine un mois.
S'il y a encore de l'électricité, des coupures par tranches de quatre heures ont été instaurées pour soulager un système surchargé, notamment du fait du recours massif aux radiateurs électriques.
Cette dette, Moscou veut la faire payer à la Moldavie et non à son allié séparatiste, ce qui a conduit la Russie à couper le robinet. Si Chisinau a réussi à trouver des solutions alternatives en Europe, la Transdniestrie, frontalière de l'Ukraine, n'a quant à elle pas de ressources.
Toujours à Grigoriopol, Eleonora Cercavschi, une directrice d'école de 64 ans jointe par l'AFP, craint que bientôt la sécurité alimentaire soit menacée, faute d'énergie pour l'agro-alimentaire et de salaires pour ceux qui perdent leurs emplois.
Aggravation attendue
A 45 minutes de voiture, Tiraspol, capitale de cette république autoproclamée, nostalgique de son passé soviétique, l'ensemble de la Moldavie ayant fait partie de l'URSS jusqu'en 1991.
En effet, la grande centrale thermique de Cuciurgan, qui tourne désormais au charbon, n'a de stocks que jusque mi-février.
Pour Iouri Statski, le coupable est tout trouvé: la présidente pro-européenne de la Moldavie, Maia Sandu.