USA: L'opération de dédiabolisation de Donald Trump

16:5713/07/2024, samedi
MAJ: 13/07/2024, samedi
AFP
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban pose avec l'ancien président américain Donald Trump à Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride, le 11 juillet 2024.
Crédit Photo : ZOLTAN FISCHER / AFP
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban pose avec l'ancien président américain Donald Trump à Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride, le 11 juillet 2024.

Donald Trump change de ton et vise un électorat plus large pour la présidentielle de novembre, notamment sur des sujets sensibles comme l'avortement et l'immigration.

Le changement de ton du candidat, déjà assuré du soutien de sa base conservatrice, est flagrant.


Ces derniers jours, l'ancien président s'est ainsi targué d'avoir remodelé le programme des républicains, notamment sur l'avortement, bien conscient que son parti ne dispose pas du soutien de la majorité de l'opinion publique sur cette question.


Donald Trump, architecte de l'annulation de la protection fédérale de l'avortement aux États-Unis, exhorte désormais sa formation au pragmatisme, leur rappelant que le plus important est bien de
"se faire élire".

Or, les républicains enchaînent depuis deux ans les défaites électorales sur la question des interruptions volontaires de grossesse.

"Projet 2025"


Le milliardaire, qui sera couronné jeudi comme le candidat des républicains à la présidentielle lors d'une grande convention, a aussi répudié ces derniers jours un document controversé baptisé "Projet 2025".


Ce texte de 900 pages, conçu comme une feuille de route à appliquer s'il revenait au pouvoir, a été rédigé par certains de ses proches alliés, mais fait l'objet d'attaques incessantes du camp démocrate.

Ce manuel préconise entre autres des expulsions de millions de migrants et le démantèlement de certaines agences fédérales -- des idées que Donald Trump a lui-même défendues.


Qu'importe.


Le républicain a tenu par deux fois au cours des derniers jours à critiquer les idées "absolument ridicules et abominables" du document -- sans préciser lesquelles.


Il répète à qui veut l'entendre qu'il incarne "le parti du bon sens", un appel du pied délibéré pour accueillir des électeurs de tous bords.


"Un plus grand nombre de sympathisants"


La stratégie du candidat septuagénaire est claire.


"Trump profite de ce moment pour attirer un plus grand nombre de sympathisants, en dehors de sa base conservatrice habituelle",
explique Matthew Continetti, du cercle de réflexion conservateur American Enterprise Institute (AEI).

Donald Trump s'est hissé au pouvoir en 2016 grâce, entre autres, à une opération séduction bien huilée auprès de la droite religieuse, à qui il a offert de nombreuses victoires. Malgré sa défaite en 2020, cet électorat lui est en grande partie resté fidèle.


Désormais,
"il peut donc commencer à dérouler un programme et une personnalité pour rallier des électeurs de la coalition démocrate",
analyse Matthew Continetti.

En plus du fond, Donald Trump a fait preuve d'une certaine retenue sur la forme. Le républicain, connu pour ses frasques et ses propos incendiaires, est ainsi resté plutôt en retrait des débats sur l'état de santé de Joe Biden.


Même dans ses grandes tirades sur l'immigration, le ton de Donald Trump contraste avec celui des derniers mois quand le républicain évoquait des migrants
"empoisonnant le sang du pays"
-- et attirait en retour des comparaisons à Adolf Hitler et Benito Mussolini.

Mais pour Julian Zelizer, professeur à l'université de Princeton, il ne faut pas être dupe.


Pour ce politologue, il n'y a pour autant
"aucune raison de penser que Donald Trump a fondamentalement changé ses positions".

"Sa stratégie est de gagner. Mais c'est bien le bilan de son mandat qui devrait le définir"
, affirme-t-il.

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