Tunisie: des dizaines de journalistes manifestent contre le "musellement des médias"

10:4617/02/2023, Cuma
MAJ: 17/02/2023, Cuma
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Manifestants tunisiens. Crédit Photo: AA
Manifestants tunisiens. Crédit Photo: AA

Ils accusent les autorités de tenter de "restreindre la liberté de la presse" et dénoncent l'arrestation d'un directeur d'une radio locale privée, dans le cadre de la récente vague d’arrestations

Des dizaines de journalistes tunisiens ont manifesté, jeudi, pour défendre la liberté de la presse et dénoncer le
"musellement des médias",
quelques jours après l'arrestation d’un directeur d'une radio locale privée très écoutée en Tunisie, dans le cadre d'une vague d’arrestations touchant plusieurs personnalités.

​​A l'appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), les manifestants se sont rassemblés à "place de la Kasbah"
près du siège de la présidence du gouvernement à Tunis, selon la correspondante d’Anadolu sur place.

"Médias libres, presse indépendante"
, "
Nous sommes des journalistes, non des terroristes
", "
Non à la répression contre des journalistes"
, ont scandé les manifestants entre autres slogans.

Les protestataires brandissaient également des banderoles sur lesquelles on pouvait lire:
"Non à la restriction de la liberté de la presse",
"Non au musellement des médias"
.

"Nous sommes extrêmement mobilisés pour défendre la liberté de la presse et d’expression, ainsi que le droit du peuple tunisien à l’information"
, a déclaré le président du Snjt, Mahdi Jlassi, lors de ce rassemblement de protestation.

Et Jlassi d’ajouter:
"Nous exigeons la pérennité et l’indépendance des établissements médiatiques. Nous continuerons à défendre cette cause et nous le disons sans ambages: l’arrestation du patron de la radio privée
"Mosaïque FM", Noureddine Boutar, est liée au contenu objectif et indépendant des programmes diffusés par ce média".

"Les autorités sont dérangés par le contenu des programmes des médias indépendants. Elles veulent des médias affadis, qui vont édulcorer leur échec à tenter de faire main basse sur l’information et la presse"
, a ajouté le président du Snjt.

Les autorités tunisiennes procèdent depuis samedi 11 février, à une vague d’arrestations de personnalités de renom, dont des dirigeants de partis, deux magistrats, un homme d’affaires influent, un avocat et un militant politique.


Mardi, le président de la République Kaïs Saïed a accusé certains des prévenus d’être impliqués dans un complot contre la sûreté de l’Etat, les tenant pour responsables de la pénurie des produits de base et de la flambée des prix.


Jlassi a accusé le pouvoir en place de vouloir intimider les journalistes.
"Les procès et les menaces ne nous font pas peur, et les arrestations ne peuvent pas nous dissuader de défendre tous nos collègues"
, a insisté le président du Snjt.

À maintes reprises Saïed avait exprimé son attachement à la liberté de la presse et d'expression, conditionnant cela au préalable de la
"liberté de pensée"
qui préserverait l'Etat et ses institutions.

Il a également insisté à plus d’une occasion sur l'indépendance du pouvoir judiciaire, mais l'opposition l'accuse d'instrumentaliser la justice pour traquer ceux qui rejettent les mesures d'exception qu’il avait déclarées dès le 25 juillet 2021.


Des partis politiques tunisiens considèrent les mesures d’exception de Saïed comme étant un
"coup d'Etat contre la Constitution de 2014 et une consécration du pouvoir autocratique"
, tandis que d'autres formations politiques estiment qu'il s'agit d'une
"restauration"
du processus révolutionnaire de 2011, qui avait fait chuter le pouvoir du l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions relatives aux mesures d'exception, ont été prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État
"d'un péril imminent"
, mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.

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