Tracteurs et agriculteurs en colère devant le Parlement européen
La rédaction
18:146/02/2024, Salı
AFP
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Crédit Photo : FREDERICK FLORIN / AFP
Des agriculteurs manifestent devant le Parlement européen à Strasbourg, dans l'est de la France, le 6 février 2024.
Une vingtaine de tracteurs et des dizaines d'agriculteurs ont manifesté mardi devant le Parlement européen à Strasbourg pour interpeller les eurodéputés réunis en session plénière.
Deux manifestations distinctes étaient organisées: l'une de la coordination rurale, pour dénoncer l'importation de produits qui ne sont pas soumis aux mêmes normes qu'en France, et l'autre de la confédération paysanne opposée aux
"
Nouveaux OGM".
On manifeste ici pour rencontrer les parlementaires européens, pour leur dire d'arrêter l'importation de produits qui ne respectent pas les normes qu'on nous impose.
"Dans le poulet ukrainien par exemple, il y a des antibiotiques qui sont interdits chez nous"
, a déclaré à l'AFP Germain Krantz, agriculteur à Rangen (Haut-Rhin), qui dénonce une
"distorsion de concurrence".
Ce membre de la coordination rurale s'oppose également aux obligations de jachères des terres dans l'UE et déplore la
"paperasse"
sous laquelle il dit
"crouler".
"Tout ce qu'on demande c'est de pouvoir vivre de notre métier",
a témoigné Marie-Paule Boehler, 43 ans, qui dit se dégager
"500 euros tous les deux mois"
et dépendre financièrement de son mari.
Désignant le Parlement européen, elle ajoute:
Ils ne s'en rendent pas compte ces gens-là parce qu'ils touchent leurs salaires chaque mois.
À quelques mètres de là, une autre manifestation réunissait des membres de la Confédération paysanne et de 12 organisations écologistes telles que Greenpeace, Les Amis de la terre ou Générations futures.
Ces militants venus de toute la France, certains déguisés en abeilles ou en vaches, demandent aux députés européens de rejeter la proposition de la Commission européenne d'assouplissement des règles sur les
"nouvelles techniques génomiques"
(NGT), visant à développer des variétés végétales résistantes aux aléas climatiques ou aux insectes.
À la veille d'un vote des eurodéputés sur cette proposition, Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération paysanne s'inquiète qu'il n'y ait ni évaluation, ni traçabilité ni étiquetage de ces
"nouveaux OGM"
, redoutant une contamination de l'agriculture biologique et une
"uniformisation"
des cultures.
"Voter pour ce texte c'est aller contre le droit des citoyens à choisir leur alimentation, c'est tuer la filière biologique, la culture paysanne, en supprimant la diversité de productions et c'est développer les pesticides et les engrais azotés"
, a-t-elle déclaré à l'AFP.
Face à la colère du monde agricole, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a enterré mardi un projet législatif visant à réduire l'usage des pesticides.
Elément-clé du "Pacte vert", ce texte proposé mi-2022 par Bruxelles prévoyait des objectifs contraignants pour réduire de moitié d'ici 2030 l'utilisation et les risques des produits phytosanitaires chimiques dans l'UE par rapport aux années 2015-2017.
"C'est devenu un symbole de polarisation"
, a déploré Mme von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg (France), alors que les agriculteurs en colère dénoncent depuis des semaines des normes écologiques excessives.
Sans indiquer de calendrier, Mme von der Leyen a ajouté:
"Pour avancer, davantage de dialogue et une approche différente sont nécessaires".
La Commission pourrait faire une nouvelle proposition beaucoup plus mûre, avec la participation des parties prenantes.
Dans un geste envers les agriculteurs, la Commission avait déjà proposé la semaine dernière une dérogation partielle aux obligations de jachères et une limitation des importations ukrainiennes, tout en promettant de